mercredi 17 août 2011

Déprime post-Route du Rock


     Il y a toujours un avant et un après Route du Rock. Avant, l'excitation monte. On ressort les bottes de la cave et le ciré du placard. On écoute les groupes qu'on ne connait pas. On apprend par coeur les refrains de ceux qu'on connait et dont on attend avec impatience la prestation scénique. Mais après, fini la rigolade, on nage en pleine déprime, le silence en devient assourdissant. La larme à l'oeil, on rince le gobelet Route du Rock que l'on a emporté en guise de souvenir. Et on mange, beaucoup, affalé devant la TV, comme pour rattraper tous les repas sautés au cours du week-end. Le spectacle n'est pas beau à voir. C'est ce qu'on appelle la déprime post-festival. Ici, déprime post-RDR. Et jusqu'à présent, aucun remède.
Cette année, la déprime post-RDR est plus aiguë que les fois précédentes. La faute à cette enivrante 21e édition. Parce que danser dans la boue et sous la pluie parfois c'est vraiment chouette. Et tant pis pour les râleurs qui disent le contraire. Un petit flash-back nostalgique sur ces trois jours de délire musical s'impose donc.

Vendredi, coup de coeur pour Electrelane et son live très instrumental. Les quatre filles de Brighton, qui s'étaient séparées il y a peu, se sont retrouvées pour un set majestueux, succession de morceaux pop-rock servis sur un plateau d'argent.
Electrelane. Route du Rock 2011-Ben Wee
Pas le même enthousiasme pour Sebadoh. Dur dur d'écouter du gros rock tout droit sorti des nineties à 20h10, à peine arrivés sur le site du festival. Les heures de passages de ces deux groupes auraient peut-être du être inversés...

Samedi, manque de courage face au déluge. Je suis restée bien au sec sous une bâche au camping, alors que Cults jouait au Fort... Et suis finalement sortie de ma tanière pour assister aux lives de Blonde Readhead et des Kills sous une pluie battante. Les mélodies éthérées des premiers nous ont sagement bercé pendant près d'une heure. Un concert agréable mais qui traînait un peu en longueur. Quant aux seconds, pas de souci à se faire, ils tiennent toujours la route. Jamie Hince et Alisson Mosshart, duo de choc s'il en est, se sont concentrés sur leur dernier album, Blood Pressures, délaissant les trois précédents, pourtant gorgés de tubes, à notre grand regret. Reste que leur set énergique en a fait danser plus d'un, malgré les bottes en caoutchouc et la boue. 

Dimanche, Will Sheff, chanteur du groupe américain Okkervil River, n'en revenait pas d'avoir une météo aussi clémente après le déluge de la veille. Leur rock mâtiné de country, parfois un poil lourdingue, filait tout de même une sacré pêche.
Ambiance radicalement différente un peu plus tard avec Cat's Eyes, nouvelle formation de Faris Badwan, chanteur des Horrors, arrivé du Japon l'après-midi même. Un jet-lag qui ne l'a pas empêché d'envoûter le public, accompagné au chant et au synthé par la soprano Rachel Zefira. Les superbes images de Romy Schneider projetées sur un écran en arrière-plan renforçaient l'atmosphère mystérieuse de ce concert aux allures de messe noire.
Faris Badwan, Cat's Eyes. Route du Rock été 2011-Nicolas Joubard
Dommage que la durée de leur set - un peu court - n'ait pas plutôt été celle de Fleet Foxes. Les Américains nous ont livré une folk léchée, mais néanmoins soporifique. Heureusement, les Crocodiles se sont chargés de nous réveiller avec leur rock garage aux accents 60s. Un concert un peu moins bien que celui donné à la Flèche d'Or en avril dernier (la faute aux rasades de Ricard que Brandon Welchez, le chanteur, et ses acolytes s'envoyaient sur scène?)
Crocodiles. Route du Rock été 2011-Nicolas Joubard
Mais les Croco, sacrément déchaînés, ont été un des seuls groupes à se repointer pour un rappel. Et peu importe que la musique d'entre-deux concerts ait déjà été lancée. Jouer par dessus un morceau de reggae semblait les amuser plus qu'autre chose. Mais la palme du grand n'importe quoi revient haut la main à Dan Deacon. Entre deux morceaux bruitistes, ce prolifique bidouilleur de Baltimore demande à l'assistance amusée de poser sa main sur la tête d'une autre personne puis de penser à quelqu'un qu'elle aime plus que tout. Mais ici, coincé sur la petite scène du Fort, Dan Deacon, d'ordinaire connu pour ses lives en forme de happenings, essayait surtout de gérer le public qui s'effondrait sur ses platines.

Maintenant, il ne reste plus qu'à se replonger dans le festival en (re)découvrant les concerts sur Arte Live Web.

C.Bo

Crédits photos: Nicolas Joubard. Ben Wee


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