lundi 7 janvier 2013

Holograms - The block busters, l'interview



©Picture by Dylan Gordon (Dirty Snapshots)

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Holograms c’est assurément l’un de nos coups de coeur 2012. Pour ceux qui n’auraient pas suivi, ces jeunes gens viennent de la banlieue de Stockholm et s'adonnent à la musique punk.
Cela ne s’arrête bien sûr pas là, car après nous avoir soufflé avec leurs premiers titres (ABC City et Hidden Structure), au début de l’année dernière, on ne se serait pas douté qu’ils puissent confirmer avec un 1er LP (éponyme) déjà classique.
Alors oui, ça nous a réveillé, ils ont la fougue, la fraîcheur mais aussi une certaine maîtrise musicale, une direction.
On les sent, eux, comme cette jeunesse, tourner en rond, enfermés dans ces grands blocs de béton, parfois labyrinthe social, parfois boulet au pied qui vous empêche de sortir la tête de l'eau. Personne ne leur prète la moindre attention et c'est de là qu'ils puiseront cette force. Si personne ne les regarde, ils peuvent donc faire ce qu'ils veulent, explorer ce que bon leur semble sans rendre le plus petit compte. C'est donc cela qui donne Holograms.
C’est gris, fulgurant et urbain, et ce gris laisse souvent place à de la couleur grâce à des touches pop qui se croisent et s’entremêlent dans leurs brulôts punkrock, kraut et j’en passe….

Leur album est sorti l’été dernier chez Captured Tracks et ils seront de retour dans toute la France ce mois-ci pour un passage qu’on attend de pied ferme au festival Mo'Fo 2013 (25 au 27 janvier à Mains d'Oeuvres), le samedi 26 avec plein d’autres super groupes (Feeling of Love, Datsuns, etc.).

Pour la petite histoire, on les avait déjà rencontré pendant leur 1ère tournée en France en mai 2012
et on les a logiquement revu en novembre dernier lors de leur 2e tournée et 2e passage (complet cette fois-ci) à l’Espace B.
Ça s’est passé après le concert avec Andreas et Anton (qui chantent et tiennent la basse et la guitare), autour d’une bière et on a parlé de tout et de rien…

« Le 1er concert qu’on a joué pour cette tournée était en 1ère partie des Vaccines… et je pense que personne ne venait pour nous. On disait « On va vous jouer une autre chanson » et le public était là « oh non… » (rires) »








x J’ai lu quelque part que vous appréciez la musique de DAF (Deutsche Amerikanische Freundschaft), vous pouvez en parler?

Andreas: Pour moi c’est une grande influence dans mes goûts musicaux. J’ai commencé à écouter DAF quand j’étais ado, vers 14,15 ans. Il y a ce truc au niveau de la dynamique de leur musique, de comment ils la conduisent. Ils utilisent des synthétiseurs mais de la batterie live, donc le son de tout ça, les synthés, les beats, c’est très basique en 2 temps, j’aime beaucoup ça et aussi la façon dont ils se représentent. Il y a bien sur aussi Kraftwerk qui viennent de Düsseldorf.
Après ce n’est peut-être pas une grosse inspiration pour nous en tant que groupe...

x Est ce que ça peut donner des pistes pour les prochaines chansons d’Holograms au niveau des expérimentations par exemple?

And: Je ne pense pas mais je vais faire un projet “synth band” avec Anton le batteur, qui lui est très branché sur ce genre de choses. Il a déjà son propre projet “I've Become Vapour” qui est vraiment bien et où il fait tout tout seul. Donc on va peut être essayer de faire quelque chose dans le genre.
Mais pour Holograms, je ne sais pas, je ne pense pas qu’on puisse changer autant, mais peut être qu’il y aura plus de synthés différents, pour la batterie par exemple et en fait, on a justement acheté un JUNO 60…




x Vous avez déjà enregistré des nouvelles choses?

Ant : Non, pas encore mais on va le faire dès qu’on rentre à la maison. Avec le même mec que pour notre LP, il est plutôt bon et a de bonnes idées. Peut-être qu’il sera plus motivé car maintenant il sait qu’il y a plus d’enjeu ! (rires)

x On retrouve beaucoup de symboles dans vos chansons (et environnement graphique), c’est voulu ?

Ant: Oui c’est une certaine approche pour les textes. Ça permet de créer une atmosphère.
And: On n’a pas fait de grandes études mais je m’intéresse à plein de choses, en lisant beaucoup par exemple. Mon but est d’écrire sur les choses qui m’intéressent, au niveau personnel mais aussi sur ce qui peut évoquer/ provoquer de l’émotion. Je ne veux pas écrire sur des choses « génériques ».
Il y a par exemple l’image d’Orphée, ABC City parle de la banlieue où l’on vit, Monolith a pour thème Le Corbusier, l’architecte suisse sur qui j’ai beaucoup lu…





x Il y a une scène underground à Stockholm ou pas? Je pense à un lieu comme Push My Buttons ?

Non pas vraiment.
Quand on était gosse, on jouait de la musique dans les centres d’activité pour jeunes en Suède (sorte de MJC), tu fais ça quand tu n’as pas l’âge pour aller dans les bars. C’est en quelque sorte là que tu commences à répéter, à jouer et à faire tes premiers concerts. Là, il y a une sorte de scène musicale avec plein de groupes pourris ! (rires)
Plus vieux (vers 18,19 ans) on a commencé à trainer chez Thomas et Lotta qui tiennent le shop Push My Buttons et organisent des concerts. C’est d’ailleurs à l’un de leurs concerts qu’on s’est rencontré. En fait, s’il y a une scène underground c’est eux qui la font vivre, ils font tout d’ailleurs. Ils sont aussi ceux qui nous ont fait jouer les premières fois…

x Au niveau des labels, c’est pareil?

Ant: Il n’y a pas vraiment de labels indé à Stockholm, ça se passe plutôt à Göteborg, avec des choses comme Luxxury entre autres. C’est plus dynamique là bas qu’à Stockholm d’ailleurs. Ils sentent le poisson là-bas (rires), je plaisante....
Il y a aussi Sincerely Yours, un très bon label, ils ont sorti des bonnes choses comme The Tough Alliance, JJ etc…



x Est-ce que vous sentez une espèce de vague Nordique au niveau de la scène punk, par rapport aux autres groupes qu’on a pu voir émerger récemment?

Non. Ils ont une scène à Copenhague, d’ailleurs pas mal de ces groupes étaient sur la compilation Posh Isolation. Mais on n’a rien de tout ça à Stockholm. On aime beaucoup Iceage et aussi Lower mais la plupart d’entre nous ne connaissaient pas quand on a commencé. Iceage, ça fait un moment qu’ils jouent d’ailleurs, je me souviens que je leur parlais sur myspace il y a, peut être, 5 ans, ils devaient avoir 13 ans (rires)… Et sinon on ne les a rencontré qu’une fois en concert.





x La première fois qu’on s’est rencontré, c’était au moment de votre 1ere tournée qui est réputée pour être la plus galère… vous avez une petite histoire à nous raconter ?

Ant : On en a plein de cette tournée… donc on va dire une histoire qui s’est passée en France, où notre voiture est tombée en panne…
And : On l’avait acheté un jour avant de partir, pour 1000 euros à une espèce de fermier suédois. Elle roulait bien jusqu’à Nantes où elle a commencé à fuir de l’huile de partout. On ne pouvait pas conduire plus de 10 mètre car le moteur se vidait...
Ant : Bon, malgré cette galère on a aussi passé un super moment à Nantes où on a rencontré plein de gens biens avec qui on a pu profiter de l’endroit. On a joué au Stakhanov, et c’était le 1er concert où il y avait un peu de monde pour nous voir. Les locaux « Von Pariahs » jouaient avec nous donc ça explique aussi pourquoi c’était rempli (rires)…
And : La voiture était HS et on devait venir à Paris pour jouer à L’Espace B donc on l’a laissé à un garage et on a pris le train… Après ça il fallait aller à Amsterdam… On a donc pris le bus et c’était franchement l’un des moments de ma vie où j’ai eu le plus peur…. Le chauffeur était complètement dingue, il grillait tous les feux rouges et se prenait pour un pilote. En plus les WC ne fonctionnaient pas, bref c’était un bordel sans nom.
Ant : Ensuite on est revenu à Paris et on est resté quelques jours chez Charles, donc c’était plutôt cool. On a eu de la chance car les Von Pariahs jouaient à Paris et nous ont ramené la voiture….
C’était notre 1ère tournée et je crois qu’on a perdu environs 3000 euros, on est ruiné depuis… C’est la vie… (rires)

x Je ne peux pas éviter le sujet Zlatan qui est le suédois le plus connu en France. Vous avez lu sa biographie ?

Ant: Non je ne l’ai pas lu mais en fait, j’ai travaillé pour un entrepôt de bouquins, et je devais notamment emballer son putain de livre, je crois que j’en ai chargé des tonnes et des tonnes…. (rires)
C’est marrant car en France vous l’appelez Zlatan, comme nous en Suède, alors qu’en Italie par exemple ils disent Ibra… Mais moi je ne suis pas trop le foot, il faudrait plutôt demander à Anton le batteur.

And: Moi j’adore Zlatan. L’un des trucs les plus drôles sur lui est un documentaire sur son ancien club, Malmö FF où on le voit jeune, ado et il est tellement bête… (fou rires).
Il parle avec une espèce de dialecte/accent de Malmö et c’est tellement drôle…
Il y a cette scène où il est dans le bus et il parle de ce qu’il fera quand il gagnera de l’argent : « Je vais acheter une Diablo, Lamborghini, une Diablo violette. Et sur la plaque d’immatriculation, il y aura marqué « TOYS », ça veut dire jouet en anglais »…
A un autre moment, il est allongé dans le canapé chez sa mère. Bon c’est surement plus drôle en suédois mais peu importe… Donc il parle de sa mère avec son frère « C’est quand l’anniversaire de maman ? je ne sais plus, elle a quelle âge maintenant 50, 51 ? ouais je sais pas… elle a donné naissance à combien d’enfants ? 8 ? 5 ? » (rires).
C’est vraiment un mec bizarre parfois, mais je l’aime bien…


En concert au festival Mo’Fo le samedi 26 janvier 2013 (event ici) et dans toute la France à partir du 16/01. 

- Holograms – S/T – (09/07/2012) Captured Tracks 




B / FGC
Merci à JL, AE, Dylan Gordon (Dirty Snapshots) pour la photo d'illustration

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