« Par qui êtes-vous invités ? »
Ça commence mal. La nana est grande, mince, cheveux lissés, manteaux de fourrure. La responsable de soirée qui combine la hargne du videur, le snobisme de la Parisienne, et l’hypocrisie du milieu musical branché. Passons. Un nom et on parvient à passer le cerbère. A l’intérieur la déco se fait Russe. Logique étant donné que le club s’appelle Raspoutine. Oui je sais : ra-ra-raspoutine. On a tous la chanson en tête. Il y a des poupées russes, du rouge, une lumière tamisée, et de la moquette. Pas de doute nous sommes à Saint-Petersbourg, ou Moscou, au choix. La reconstitution est minutieuse. Même la serveuse- une grande aux longs cheveux blonds et aux yeux bleus- est assortie au décor. On s’attend à voir un Vigo Mortensen tatoué jusqu'au cou sortir de l’ombre. Trêve de plaisanterie, le whiskey coca est à 15euros, la bière à 10. Le message est clair : étudiants bas de gamme et chômeurs, vous n’êtes pas les bienvenus. Étrange atmosphère pour un concert du groupe bordelais Adam Kesher.
Une heure de retard plus tard, les voilà enfin sur scène, alternant tubes et chansons de leur nouvel album. Les talons s’enfoncent dans la moquette, les nœuds de cravate se desserrent, les bouteilles de champagne s’accumulent sur les tables. L’euphorie est là. Et pourtant on a bien envie de s’accrocher aux lampions rougeoyants, et d’exploser une bouteille de champagne sur la moquette. L’ambiance se fait lisse et luxueuse. Tout est tiré à quatre épingles, et ça en devient vite agaçant.
Heureusement, les chansons elles sont toujours aussi entrainantes, la voix toujours aussi chaude, et la musique en général vraiment bien rodée. Adam Kesher reste un des meilleurs groupes français actuels.
Quant au Raspoutine- est-ce utile de le préciser ?- il a lamentablement échoué.
RollK!