Malgré
une programmation pointue, le Mo’Fo, qui se clôturait dimanche au centre
culturel Mains d’œuvres, à Saint-Ouen, a conquis le public, faisant salle
comble samedi soir. Une belle réussite pour Jean-Sébastien Nicolet, passé par
la direction du Café de la Danse et de la Maroquinerie avant de reprendre les
rênes du festival indé. Celui qui se fait appeler « Jiess » travaille
également dans une agence de booking, est à la tête de deux autres festivals de
musique, BBMIX à Boulogne Billancourt et Musiques Volantes à Metz, et s’occupe
de la partie musique de la salle parisienne Le Point FMR. Rencontre avec un passionné.
En tant que programmateur je suis toujours au four et au moulin et du coup frustré de ne pas assister aux concerts que je programme. Vendredi j’ai voulu jeter un coup d’œil à Concorde mais je n’ai pas pu rentrer dans la salle tellement il y avait de monde !
x Comment s’est montée la collaboration avec Cheveu ?
Le festival a été créé par un groupe : Herman Düne. Il a donc depuis le début développé un côté curator, qu’on retrouve par exemple dans le festival ATP où la programmation est confiée à un artiste. A mon avis, c’est compliqué de faire ça sur toute une programmation, parce que ce n’est pas forcément réaliste par rapport à l’intérêt du public. Mais Herman Düne avait quand même impulsé le côté curator, donc je les ai recontactés l’année dernière pour qu’on construise la programmation ensemble. Et cette année j’ai demandé à Cheveu de le faire. Peut-être que tous les ans, on aura pour principe d’avoir au moins un groupe pour parrainer, mettre en avant des groupes qu’il a dans son entourage, reformer des groupes etc.
Cheveu a donc amené trois groupes : les Country Teasers, des écossais qui jouent une musique un peu punk. Ça faisait très longtemps qu’ils n'avaient pas été invités en France. Crack Und Ultra Eczema viennent, eux, de Strasbourg. Ils n'avaient pas joué ensemble depuis cinq ans. Du coup, ils ont répété pendant cinq jours en studio ici. Et le troisième invité c'est DJ Magic, qui est arrivé 6e aux DMC, les contest de dj et de scratch. Le garçon est une espèce de performer punk qui mixe à base de hip-hop et de musique chelou.
Plus largement, toute la programmation de samedi soir avait un lien avec la scène de Cheveu. Olivier de Cheveu a joué sur le dernier album de Winter Family, Mein Sohn William c’est un petit rennais qui fait sens aussi, Chazam c’est aussi un performer, bordelais d’origine comme Cheveu. J’ai tissé des liens entre tous les artistes. Même s’ils ne sont pas toujours évidents, ils sont là !
x Tu avais des coups de cœur dans la prog cette année ?
Sleep Party People c’est un vrai coup de cœur. Le groupe joue avec des masques de lapin. Pendant leur concert, une caméra est installée au fond de la salle, et un écran derrière le groupe. Les spectateurs, qui ont enfilé des masques à l’arrière de leur tête, s’amusent à s’approcher de la caméra et donc à s’éloigner de la scène, tout en s’en rapprochant puisque leur image est diffusée sur l’écran placé sur scène.
x C’est quasiment un happening ?
Ça reste un concert classique mais avec l’envie de faire participer le public. On est dans une vision un peu brechtienne du spectacle.
x Comment on programme un groupe inconnu comme Sleep Party people ?
Il y a trois façons d’exercer le métier de programmateur. On peut attendre des listes envoyées par des agents et des tourneurs de tout ce qu’ils ont en tournée sur une période donnée. On n’a alors plus qu’à sélectionner les artistes que l’on veut programmer. C’est la programmation « en réception ». Moi je ne bosse pas du tout comme ça, et sur un événement comme Mo’Fo ça n’aurait pas de sens. Après il y a la prospection et le remontage. La prospection consiste à aller chercher des projets, via Internet, via des copains qui donnent des infos, des groupes qui connaissent d’autres groupes, via d’autres concerts, d’autres festivals aussi. Pour revenir à Sleep Party People, je les ai découverts sur le net, et en même temps un copain qui est agent m’en a parlé. Quelques jours après, j’ai rencontré par hasard le mec du label, on a discuté et on a monté le projet.
x Tu dis que tu découvres des groupes sur d’autres festivals, tu te déplaces beaucoup ?
Malheureusement pas autant que je le voudrais, car je suis aussi programmateur au Point FMR, agent dans une agence de booking, et j’ai trois autres festivals donc je ne peux pas me balader tout le temps. Mais j’ai toujours la possibilité de voir des vidéos de live pour me faire une idée.
x Tu ne tires pas un peu sur la corde à vouloir cumuler autant de fonctions ?
Sleep Party People c’est un vrai coup de cœur. Le groupe joue avec des masques de lapin. Pendant leur concert, une caméra est installée au fond de la salle, et un écran derrière le groupe. Les spectateurs, qui ont enfilé des masques à l’arrière de leur tête, s’amusent à s’approcher de la caméra et donc à s’éloigner de la scène, tout en s’en rapprochant puisque leur image est diffusée sur l’écran placé sur scène.
x C’est quasiment un happening ?
Ça reste un concert classique mais avec l’envie de faire participer le public. On est dans une vision un peu brechtienne du spectacle.
x Comment on programme un groupe inconnu comme Sleep Party people ?
Il y a trois façons d’exercer le métier de programmateur. On peut attendre des listes envoyées par des agents et des tourneurs de tout ce qu’ils ont en tournée sur une période donnée. On n’a alors plus qu’à sélectionner les artistes que l’on veut programmer. C’est la programmation « en réception ». Moi je ne bosse pas du tout comme ça, et sur un événement comme Mo’Fo ça n’aurait pas de sens. Après il y a la prospection et le remontage. La prospection consiste à aller chercher des projets, via Internet, via des copains qui donnent des infos, des groupes qui connaissent d’autres groupes, via d’autres concerts, d’autres festivals aussi. Pour revenir à Sleep Party People, je les ai découverts sur le net, et en même temps un copain qui est agent m’en a parlé. Quelques jours après, j’ai rencontré par hasard le mec du label, on a discuté et on a monté le projet.
x Tu dis que tu découvres des groupes sur d’autres festivals, tu te déplaces beaucoup ?
Malheureusement pas autant que je le voudrais, car je suis aussi programmateur au Point FMR, agent dans une agence de booking, et j’ai trois autres festivals donc je ne peux pas me balader tout le temps. Mais j’ai toujours la possibilité de voir des vidéos de live pour me faire une idée.
x Tu ne tires pas un peu sur la corde à vouloir cumuler autant de fonctions ?
J’ai toujours été boulimique. Mais j’ai une démarche de passionné donc tant que je prends du plaisir à faire les choses rien n’est une contrainte. Après n’oublions pas que je ne suis pas seul à travailler sur les festivals. Au Mo’Fo je repose sur les compétences d’une équipe. Pareil pour le Point FMR.
x Comment on se retrouve-t-on avec un CV pareil ?
J’ai grandi dans la vie associative rennaise. J’ai fait mes premiers concerts là-bas. J’étais dans l’association noise-rock Kérosène, et en même temps dans Ultra Violet. C’était les années 90, j’étais étudiant en sociologie puis en info-com. Je faisais aussi une émission de radio sur Canal B. J’ai commencé à penser que je pouvais peut-être vivre de la musique. Je suis alors monté à Paris faire un stage au Café de la Danse. Il n’a duré qu’une semaine et j’ai été embauché ! J’y suis resté 6 ans.
x Tu as un premier souvenir musical ?
Pour le rock oui. C’était en 1991, l’année où Nirvana est venu à Rennes. Tous mes potes étaient allés les voir et moi je n’avais pas eu le droit. (Rires) Mais je me suis consolé l’année suivante avec une soirée où étaient programmés Sugar, Pavement, et Sonic Youth.
x Comment on se retrouve-t-on avec un CV pareil ?
J’ai grandi dans la vie associative rennaise. J’ai fait mes premiers concerts là-bas. J’étais dans l’association noise-rock Kérosène, et en même temps dans Ultra Violet. C’était les années 90, j’étais étudiant en sociologie puis en info-com. Je faisais aussi une émission de radio sur Canal B. J’ai commencé à penser que je pouvais peut-être vivre de la musique. Je suis alors monté à Paris faire un stage au Café de la Danse. Il n’a duré qu’une semaine et j’ai été embauché ! J’y suis resté 6 ans.
x Tu as un premier souvenir musical ?
Pour le rock oui. C’était en 1991, l’année où Nirvana est venu à Rennes. Tous mes potes étaient allés les voir et moi je n’avais pas eu le droit. (Rires) Mais je me suis consolé l’année suivante avec une soirée où étaient programmés Sugar, Pavement, et Sonic Youth.
x C’était donc tes premiers concerts ?
De rock oui. Car je viens d’un milieu très classique, musique baroque contemporaine etc.
x Tu écoutes de la musique classique ?
Oui. Je n’écoute pas que du rock. D’ailleurs je m’interdis de programmer les trucs que j’écoute vraiment. Sinon je ne ferais que trois personnes !
x Tu écoutes quoi?
J’ai une affection pour la scène industrielle des années 80, les musiques ambiant, expérimental, concrète et la musique exotica des années 60. Je passe mon temps à redécouvrir des choses car la musique est un puits sans fond.
x Pour revenir à Mo'Fo et BBMIX, pourquoi les organiser dans la périphérie parisienne ?
Mo’Fo est très attaché au lieu Mains d’Œuvres, c’est l’événement phare de ce centre culturel. Concernant BBMIX, quand je suis parti du Café de la Danse, j’ai rejoint la mairie de Boulogne Billancourt comme chargé de mission de musiques actuelles pour la construction d’une salle de musique actuelle sur l’île Seguin. On a créé BBMIX parce qu’on voulait expliquer à la population, aux professionnels, et aux médias qu’un lieu allait ouvrir, au travers d’un temps fort. Le festival continue malgré que le lieu, lui, n’ait pas eu d’existence.
x Ce n’est pas trop dur de ramener un public à Saint-Ouen et Boulogne ?
Ce sont des lieux de vie et des moments de festivals importants. Ceux qui viennent à Mo’Fo ou au BBMIX ont un peu de culture musicale, un peu de goût, ou la curiosité de la découverte. Peut-être que passer le périph’, faire souvent trois quarts d’heure de métro pour venir demande un investissement que l’on est prêt à faire, ou pas.
x Quel avenir pour le Mo’Fo ? Tu as envie de le développer afin qu’il ait une ampleur nationale ?
Il commence déjà à avoir une résonance nationale. Concernant les perspectives d’évolution, tout est question d’imagination, et de potentiel économique, car on a de tous petits moyens. On a pour projet d’organiser des plateaux Mo’Fo dans d’autres ville dans le but de rendre le festival encore plus accessible. Cette année on a une première date à Metz.
J’ai également commencé à proposer de la résidence. Crack Und Ultra Eczema a répété une semaine ici cette année. Je souhaiterais être aussi dans la création, et plus seulement dans la diffusion.
Par ailleurs, Sourdoreille retransmet les concerts en direct sur Rue89 et Les Inrocks. Ce qui est une donnée d’accessibilité.
x Comment envisages-tu l’avenir de la musique à l’heure actuelle ?
C’est très complexe comme sujet. L’industrie du disque s’est fourvoyée depuis une quinzaine d’années sur de vieux modèles. Les maisons de disque ont tout fait pour que le support numérique n’existe pas. Elles ont dépensé des millions de dollars pour garder un marché du physique. Et puis elles ont tout perdu. On a assisté en même temps à la création de gros groupes mondiaux qui font ce qu’on appelle le 360° : ils génèrent les économies du live, du disque, du publishing, l’achat des espaces publicitaires, des lieux de spectacle, des systèmes de billetterie. Tout est inclue dans des trucs qui nous dépassent. Les gens sont prisonniers de tout ça.
x Dans quel sens prisonnier ?
On est marketés à fond maintenant, et de manière plus insidieuse qu’avant. Ça va de la sonnerie de téléphone à la synchronisation de publicité.
x Le live serait-il l’avenir pour les groupes ?
C’est une connerie de penser ça. C’est reporter une pression économique sur un secteur qui n’a pas beaucoup plus d’argent et qui en France est très contraint par les charges sociales, des contraintes économiques fortes. Une salle à paris se loue 2500 euros alors que son équivalent à Berlin c’est 200 euros ! Pour finir c’est le public qui paye. Plus on augmente les charges de fonctionnement du live plus c’est lui qui va devoir payer cher pour pouvoir voir des artistes.
x Mais ça compense le fait qu’il n'achète plus de CD non ?
A mon avis il n’y a pas eu et il n’y aura pas de transfert. Le budget consacré autrefois à l’achat de musique est passé aujourd’hui dans l’achat de forfaits téléphoniques. Un français va à peu près une fois par an en concert !
Si on a besoin d’une chose aujourd’hui c’est d’un filtre car il y a de plus en plus de propositions artistiques.
x Comment un programmateur s’y retrouve justement dans cette masse de propositions ?
Sur un lieu comme Le Point FMR je reçois à peu près 20 sollicitations de groupes par jour et je n’ai même pas le temps de les écouter. Il n’y a peut être qu’un artiste sur 1000 qui m’a démarché et que j’ai programmé. C’est hyper dur parce que ça veut dire qu'il faut faire partie d'un réseau pour être programmé.
x En tant que programmateur musical parisien, est-ce que Paris est pour toi une ville assez dynamique musicalement parlant ?
Le problème c’est que la France est trop centralisée sur Paris. Tous les médias et la profession sont concentrés sur Paris. L’enjeu pour beaucoup d’artiste c’est donc d'y jouer et non d’y vivre, ce qui leur est de toute façon impossible pour des raisons économiques. Paris n’est pas une ville de création, mais une ville de passage.
Il y a aussi un souci au niveau de la pression exercée par la réglementation : le problème des nuisances sonores, l’interdiction de fumer dans les bars et salles de concert, les descentes des préfectures de police font beaucoup de mal à la vie culturelle. Résultat: des fermetures administratives sont promulguées. Question vie nocturne, on est encore très loin des Anglais, des Allemands, des Espagnols et des Italiens.
De rock oui. Car je viens d’un milieu très classique, musique baroque contemporaine etc.
x Tu écoutes de la musique classique ?
Oui. Je n’écoute pas que du rock. D’ailleurs je m’interdis de programmer les trucs que j’écoute vraiment. Sinon je ne ferais que trois personnes !
x Tu écoutes quoi?
J’ai une affection pour la scène industrielle des années 80, les musiques ambiant, expérimental, concrète et la musique exotica des années 60. Je passe mon temps à redécouvrir des choses car la musique est un puits sans fond.
x Pour revenir à Mo'Fo et BBMIX, pourquoi les organiser dans la périphérie parisienne ?
Mo’Fo est très attaché au lieu Mains d’Œuvres, c’est l’événement phare de ce centre culturel. Concernant BBMIX, quand je suis parti du Café de la Danse, j’ai rejoint la mairie de Boulogne Billancourt comme chargé de mission de musiques actuelles pour la construction d’une salle de musique actuelle sur l’île Seguin. On a créé BBMIX parce qu’on voulait expliquer à la population, aux professionnels, et aux médias qu’un lieu allait ouvrir, au travers d’un temps fort. Le festival continue malgré que le lieu, lui, n’ait pas eu d’existence.
x Ce n’est pas trop dur de ramener un public à Saint-Ouen et Boulogne ?
Ce sont des lieux de vie et des moments de festivals importants. Ceux qui viennent à Mo’Fo ou au BBMIX ont un peu de culture musicale, un peu de goût, ou la curiosité de la découverte. Peut-être que passer le périph’, faire souvent trois quarts d’heure de métro pour venir demande un investissement que l’on est prêt à faire, ou pas.
x Quel avenir pour le Mo’Fo ? Tu as envie de le développer afin qu’il ait une ampleur nationale ?
Il commence déjà à avoir une résonance nationale. Concernant les perspectives d’évolution, tout est question d’imagination, et de potentiel économique, car on a de tous petits moyens. On a pour projet d’organiser des plateaux Mo’Fo dans d’autres ville dans le but de rendre le festival encore plus accessible. Cette année on a une première date à Metz.
J’ai également commencé à proposer de la résidence. Crack Und Ultra Eczema a répété une semaine ici cette année. Je souhaiterais être aussi dans la création, et plus seulement dans la diffusion.
Par ailleurs, Sourdoreille retransmet les concerts en direct sur Rue89 et Les Inrocks. Ce qui est une donnée d’accessibilité.
x Comment envisages-tu l’avenir de la musique à l’heure actuelle ?
C’est très complexe comme sujet. L’industrie du disque s’est fourvoyée depuis une quinzaine d’années sur de vieux modèles. Les maisons de disque ont tout fait pour que le support numérique n’existe pas. Elles ont dépensé des millions de dollars pour garder un marché du physique. Et puis elles ont tout perdu. On a assisté en même temps à la création de gros groupes mondiaux qui font ce qu’on appelle le 360° : ils génèrent les économies du live, du disque, du publishing, l’achat des espaces publicitaires, des lieux de spectacle, des systèmes de billetterie. Tout est inclue dans des trucs qui nous dépassent. Les gens sont prisonniers de tout ça.
x Dans quel sens prisonnier ?
On est marketés à fond maintenant, et de manière plus insidieuse qu’avant. Ça va de la sonnerie de téléphone à la synchronisation de publicité.
x Le live serait-il l’avenir pour les groupes ?
C’est une connerie de penser ça. C’est reporter une pression économique sur un secteur qui n’a pas beaucoup plus d’argent et qui en France est très contraint par les charges sociales, des contraintes économiques fortes. Une salle à paris se loue 2500 euros alors que son équivalent à Berlin c’est 200 euros ! Pour finir c’est le public qui paye. Plus on augmente les charges de fonctionnement du live plus c’est lui qui va devoir payer cher pour pouvoir voir des artistes.
x Mais ça compense le fait qu’il n'achète plus de CD non ?
A mon avis il n’y a pas eu et il n’y aura pas de transfert. Le budget consacré autrefois à l’achat de musique est passé aujourd’hui dans l’achat de forfaits téléphoniques. Un français va à peu près une fois par an en concert !
Si on a besoin d’une chose aujourd’hui c’est d’un filtre car il y a de plus en plus de propositions artistiques.
x Comment un programmateur s’y retrouve justement dans cette masse de propositions ?
Sur un lieu comme Le Point FMR je reçois à peu près 20 sollicitations de groupes par jour et je n’ai même pas le temps de les écouter. Il n’y a peut être qu’un artiste sur 1000 qui m’a démarché et que j’ai programmé. C’est hyper dur parce que ça veut dire qu'il faut faire partie d'un réseau pour être programmé.
x En tant que programmateur musical parisien, est-ce que Paris est pour toi une ville assez dynamique musicalement parlant ?
Le problème c’est que la France est trop centralisée sur Paris. Tous les médias et la profession sont concentrés sur Paris. L’enjeu pour beaucoup d’artiste c’est donc d'y jouer et non d’y vivre, ce qui leur est de toute façon impossible pour des raisons économiques. Paris n’est pas une ville de création, mais une ville de passage.
Il y a aussi un souci au niveau de la pression exercée par la réglementation : le problème des nuisances sonores, l’interdiction de fumer dans les bars et salles de concert, les descentes des préfectures de police font beaucoup de mal à la vie culturelle. Résultat: des fermetures administratives sont promulguées. Question vie nocturne, on est encore très loin des Anglais, des Allemands, des Espagnols et des Italiens.
Carole Boinet