dimanche 23 mars 2014

Cate Le Bon, Cité des anges et pensées célestes - L’interview




English version here


Découverte en novembre dernier après être tombé par hasard sur un lien d’écoute de son dernier album Mug Museum, on n’a depuis jamais pu décrocher. Alors, on a creusé, déterré ses débuts, ses racines, avec ses premières chansons en gallois, sa proximité avec Gruff Rhys (ndr: Super Furry Animals) qui l’a prise sous son aile, puis son 1er album "Me Oh My" (2009).

Plus acoustique, Cate y marquait de son empreinte, tantôt douce et timide, tantôt sûre et vaillante, un talent en pleine éclosion.

Le style était déjà là, mélodies pures et parfaites, mots rêveurs portés par une mise en valeur de la guitare. Car oui, en plus d’être l’une des plus belles voix de sa génération, il en est également de sa griffe musicale. Les guitares, elle les aime belles, celles qui nous saisissent parfaitement et simplement, celles qui nous capturent dans leurs harmonies.


On sait que Cate a écouté la scène rock anglaise des 90’s, des choses comme Pavement, les classiques rock avec son père, et on pense aussi beaucoup au Velvet Underground. Pas vraiment par rapport à Nico à laquelle elle a beaucoup été comparée (voix et accent) mais plutôt aux autres : le gallois John Cale, Lou Reed, Sterling Morrison, Moe Tucker, et leurs symphonies sombres et illuminées mariées aux guitares et aux rythmiques saillantes...

En 2012, son album " Cyrk " et sa petite suite éclatante sous forme d’EP, " Cyrk II ", élèvent des envies de distorsion et une splendeur bouleversante comme peuvent l’évoquer Fold The Cloth, What Is Worse, That Moon ou encore Seaside, Lowtide.

Puis arrive Mug Museum, sorti fin 2013 et qui justifie cette tournée. Enregistré à Los Angeles où elle a emménagé l’an passé, sa musique y a pris le soleil et toutes les bonnes influences des alentours. L’ensemble est fort et subtil, on atteint des sommets.
C’est un succès qui sera également encensé par ses pairs. Bradford Cox (Deerhunter) et Tim Presley (White Fence), entre autres, ont eux aussi pris en pleine face le talent de cette jeune kymrique débarquant du vieux continent, celle, qui a d’ailleurs sublimement repris ou plutôt réinterprété la chanson "Chairs in The Dark" du californien.




Après avoir décortiqué sa discographie, on devient addict, et la seule solution est de creuser encore et encore. On peut donc se pencher sur sa bande de fidèles musiciens. Du côté gallois avec le jeune guitariste H. Hawkline et le bassiste Sweet Baboo mais aussi le batteur néo-zélandais Dan Ward et son projet "Droor" qui ont tous sortis d’excellents albums à découvrir absolument.

Cate Le Bon fait partie de cette génération d’artistes qui nous fait trépider, et nous porte aujourd’hui. Et si l’on creuse un peu, les passerelles entre ces musiciens, que nous admirons, ne sont pas si éloignées que ça. Alors au passage, il nous a paru cohérent de demander son avis à Guillaume Marietta des Feeling Of Love, ayant remarqué qu’il était également tombé sous le charme de la belle galloise et de son univers, pas si éloigné du leur. Il lui pose ici quelques questions notées d'une * .




C’est près de la Reeperbahn à Hambourg, au Prinzenbar et son très beau cadre presque évangélique, que Cate Le Bon nous accueille ce soir du 4 mars.

Sur scène, elle s’électrise, sereine et pleine d’élégance, et nous happe adorablement. Sa voix résonne et la tribu galloise est soudée comme jamais. Sombre et fatale, elle nous en met plein les oreilles, les frissons sont là et, sans que l’on s’en rende compte, c’est déjà fini... Bye Bye Cate, donne-nous des nouvelles très vite.

Place à l’interview...


x À quel moment as-tu pris conscience de ta voix, de ta façon de chanter?

Cate Le Bon : Je pense que je ne me suis jamais vraiment vue comme une chanteuse "à voix" car à l’école que je fréquentais, c’était plus le chant classique qui était enseigné et mis en valeur. Donc même si je pouvais chanter dans la chorale, je n’étais pas très bonne pour ça. Mais à partir du moment où j’ai monté un groupe à l’école, comme tous les instruments, plus tu chantes, plus tu t’améliores…

Pour différentes raisons, j’essayais toujours de filtrer mon accent par rapport à ma façon de chanter, j’étais vraiment consciencieuse vis à vis de ça, et on peut l’entendre sur "Me Oh My" qui étaient mes vrais premiers enregistrements. Mais depuis, je pense que j’ai arrêté d’essayer de chanter d’une façon particulière et je laisse ma voix telle qu’elle est, sans me poser de questions et sans être intimidée par le fait que je prononce certains mots bizarrement, c’est juste comme ça.


x Donc tu joues avec ton accent?

Oui et je le laisse simplement être ce qu’il est… Il y a certains mots pour lesquels je fais exprès d’accentuer l’accent, d’y ajouter des syllabes et je trouve que ça sonne plutôt bien. Donc ça peut s’avérer utile…


x Peux-tu nous parler de ta relation avec ta guitare ?

Encore une fois, c’est quelque chose qui m’a toujours intimidée, notamment pour le live. Mais j’ai la chance de jouer depuis des années avec des bons amis qui m’ont toujours poussée.
Pendant des années, il y a plein de solos que je ne voulais pas jouer live. Au point que mes amis ont du me bouger et quasiment appuyer sur ma pédale de fuzz, et là, je n’avais plus le choix. Et puis au fur et à mesure la confiance grandit…
Je me souviens du jour où Tim de White Fence, m’a dit qu’il adorait ma façon de jouer. Ça m’a tellement fait plaisir, car c’est vraiment l’un de mes guitaristes préférés… donc voilà, j’aime jouer de la guitare…


x Et puis on peut dire que tu as ton propre style...


Oui, on peut dire ça comme ça ! (rires)


x Comment tu mêles ça avec ta voix ?

Je n’y pense pas vraiment, je ne sais pas. C’est difficile d’expliquer comment tu écris une chanson, ça vient comme ça. La plupart des mélodies à la guitare viennent des mélodies vocales, c’est un équilibre délicat à trouver…



x Ta relation avec tes musiciens parait très forte, un peu comme des âmes sœurs…

Complètement oui, on est très proche depuis toutes ces années à jouer ensemble. On a tous joué les uns pour les autres, dans le groupe de H. Hawkline, dans le groupe de Steve (Sweet Baboo)… On a vraiment de la chance d’avoir cette relation.
H. Hawkline et moi vivons ensemble à LA et Steve est venu pour l’enregistrement de l’album et on y est tous restés depuis.


x Et à quel moment tu t’es dit que tu voulais aller vivre là bas ? Car je me souviens d’une interview en 2010 où tu en parlais déjà.


J’ai toujours voulu y vivre. J’y suis allé la première fois il y a quelques années avec Neon Neon et j’ai découvert une ville merveilleuse et étrange, qui m’a vraiment animée.
Je ne voulais pas juste visiter, mais vraiment y vivre et comprendre comment ça fonctionne là bas. Et puis c’est beau, il fait chaud, il y a des musiciens extraordinaires…

Il y a quelque temps, on y a joué un concert avec White Fence avec qui on est en quelque sorte devenu ami, en plus d’apprécier mutuellement notre musique.
Et je parlais à Joe qui jouait avec White Fence (ndr : Josiah Steinbrick, l’un des producteurs de l’album) : " mais merde, j’aimerai vraiment venir à LA pour enregistrer un album " et lui m’a répondu " mais pourquoi tu ne le fais pas alors ? On peut mettre ça en place… "
Le lendemain soir, White Fence jouait au Troubadour et j’étais au balcon, juste en face du groupe et je ne pouvais pas décrocher de Nick (Murray), le batteur. " Putain de merde ! Je dois avoir ce mec sur mon album ! "
Donc je lui ai demandé juste après et il a m’a dit oui et c’est là que je me suis dit : " Ok, ça doit se faire maintenant " avec le sentiment que si ça ne se faisait pas maintenant, ça ne se ferait jamais. Et puis Josiah a demandé à Noah Georgeson s’il voulait aussi produire l’album et donc au fur et à mesure, quelque chose s’est mis en place. Donc tout ça s’est fait assez soudainement…





x Tu en avais marre de ta vie au Pays de Galles ?


Je pense que parfois tu as juste besoin d’un changement. C’est facile de se retrouver bloqué, enfermé sur soi-même à faire les mêmes choses. Ça fait du bien de couper et de travailler avec de nouvelles personnes, de se retrouver dans un nouvel environnement, ça affecte directement ta musique…
Et il y a des choses que j’ai vraiment envie de faire avec les gens là bas, profiter de la richesse musicale locale avec tous ces musiciens, les studios, la façon de vivre et de voir, toutes ces choses qui sont nouvelles pour moi. Faire le plus de musique possible tant que je suis là-bas !


x Et tu ne te sens pas étrangère là bas?

Non, bon, il y a des gens qui ne me comprennent pas, mais ce n’est pas grave, ça arrive aussi en Angleterre ! (rires)


x Mug Museum, c’est un album américain ? Ou tu avais commencé à travailler dessus avant ?

Et bien, j’en avais écris une grosse partie au Pays de Galles, mais je dirais que c’est plus le fait de vivre, d’avoir cet environnement, dans une ville différente, alors que " chez toi " tu as toujours des choses à faire, voir ta famille, tes amis et tu n’as as vraiment le temps de t’assoir et de te dire : " ok maintenant je fais ce disque ".

Je suis assez consciente du fait que j’aurais été stupide d’aller là bas seule et d’avoir tout fait avec des nouveaux musiciens car avec les membres du groupe, on a vraiment cette relation spéciale quand on joue en plus d’être amis. Donc je voulais vraiment que Steve et H. Hawkline viennent avec moi, prendre Nick à la batterie, et les deux producteurs qui sont américains.
Je pense que finalement ça a donné un bon équilibre où on ne s’est pas aventuré trop loin dans l’inconnu et l’étrange en gardant la profondeur et les bases qu’on a bâti au Pays de Galles.




x Dans ton clip, "Are You With Me Now", on te voit faire des mugs en terre cuite... *


J’ai commencé juste après avoir terminé d’enregistrer l’album. A l’origine, c’était histoire de faire un break, de me couper de tout ça car j’y pensais constamment et ça devenait assez pénible… J’ai fait ça pour me changer les idées, faire quelque chose de différent et pouvoir y revenir avec l’esprit clair et libéré et au final c’était une super idée afin de passer à autre chose. C’est tellement méditatif…

Et en fait, j’ai du fabriquer une centaine de mugs pour les premières commandes de l’album (ndlr : ces mugs étaient offerts avec les disques et le label n’avait pas prévu tant de demandes), donc la vidéo c’est moi essayant de trouver du temps pour finir les mugs tout en faisant un clip…


x Qu’est ce que cette forme d'artisanat apporte à ta vie d'artiste. Comment ça se répond ? *


Et bien, j’ai le même état d’esprit quand je fais des mugs que quand j’écris une chanson, dans le sens où je ne suis pas une perfectionniste, et j’aime bien les choses " comme elles sont ". Il y a toujours un moment où tu dois arrêter de te prendre la tête sinon tu perds complètement le fil. C’était un peu la même chose dans la fabrication de mes mugs, si par exemple je voulais les retravailler encore et encore, au final je foutais complètement en l’air le résultat. Dans ce cas là, tu en oublies ton objectif de départ. Il y a un moment où tu dois te dire " maintenant, c’est fini ". Donc j’ai la même approche et vision pour ces deux choses. Je suis plutôt contente même si ce n’est pas parfait mais c’est aussi comme ça que j’apprécie les choses.

C’est intéressant, de prendre conscience et de savoir que tu as cette décision à prendre à un moment donné car tu ne peux pas retravailler quelque chose une fois que tu l’as cuit comme tu ne peux pas revenir en arrière une fois que c’est masterisé. C’est bien de savoir quand tu dois prendre cette décision.




x J'ai l'impression que ton univers est connecté de prêt ou de loin aux esprits, esprits de nos morts, esprits primitifs avec la figure de l'animal, ou esprits venus d'ailleurs...? *

Oui, c’est quelque chose auquel on peut se rattacher, et explorer j’imagine. Mais ça peut avoir plus où moins d’influence d’un jour à l’autre. Et je pense que beaucoup de mes chansons sont des explorations de sorte de mondes spirituels et ça donne une certaine perception par rapport à leur signification.

Et j’ai grandi à la campagne et j’ai toujours adoré les animaux et leur présence. Les symboles qu’ils peuvent représenter, ce genre de thèmes. Ce sont vraiment les choses les plus fortes vers lesquelles on peut aller ...


x Tu es hantée par des choses spirituelles ? 

Je ne me sens pas hantée dans le mauvais sens par quoi que ce soit. Je pense qu’il y a des apparitions, dans le fait d’être hanté, qui peuvent arriver. Mais ce mot " Hanté " sonne tellement négatif alors que je ne trouve pas que ça soit toujours le cas. Je ne suis pas folle hein ! (rires) mais oui, dans le sens où tu ressens certaines choses, oui parfois.


x Et dans ta vie de tous les jours? *

Non, pas tant que ça, mais il y a des moments, particulièrement quand tu voyages beaucoup par exemple pendant les tournées, où tu as beaucoup de temps, et donc pour penser. Parfois ça peut être très bon et stimulant mais parfois ça peut aussi être un poids.




x On retrouve le thème de l’amour aussi dans tes paroles, ton point de vue par rapport à ça ?


Je n’aime pas vraiment écrire sur l’amour romantique, c’est principalement familier, ou platonique. Mug Museum évoque l’amour familier, et dans l’ensemble, j’y suis plutôt positive. Mais j’ai du mal à écrire sur le côté romantique de l’amour, parce que je suis timide.


x Et Mug Museum évoque aussi la mort dans la famille, par rapport au décès de ta grand mère…

Mais ce n'est pas un album morbide, il s'agit de la suite, comment les choses changent dans une famille après ça, et encore une fois cette espèce de hantise, mais une belle hantise où tu sens la présence de quelqu'un... Je suppose que c’est ma façon d’essayer de chercher et de cerner une sorte de sens de la vie ...


x Et un changement de ton rôle dans la famille comme tu l’as déjà évoqué ?

Je me sens plus vieille, mais dans le bon sens, je comprends plus mes responsabilités de sœur, tante et fille. Ce sont des moments où tu réalises, " oh ok " et tu fais partie de ce schéma qui doit aussi continuer à aller de l’avant et à évoluer quand il arrive que des personnes s’en aillent où te quittent en quelque sorte…


x Et ta place en tant que femme dans la famille ?

Oui, c’est plus maternel et féminin…oui


x Est ce que tu peux nous conseiller un peu de musique galloise ?

Evidemment, les gars (Sweet Baboo & H. Hawkline) et puis R.Seiliog, Islet, et une jeune fille qui s’appelle Tender Prey, elle est incroyable, ce sont mes favoris en ce moment…



B. & J.
Merci à Steve Sweet Baboo et Guillaume Marietta (The Feeling Of Love)




Cate Le Bon - Guitar and lead vocals
H. Hawkline - Guitar, keys and vocals
Sweet Baboo - Bass and vocals
Daniel Ward - Drums and vocals

2007 No One Can Drag Me Down (Recordiau Randomonium)
2008 Edrych Yn Llygaid Ceffyl Benthyg (Peski)
2009 Me Oh My (Irony Bored)
2012 Cyrk + Cyrk II (Ovni / Turnstile)
2013 Mug Museum (Turnstile)





dimanche 23 février 2014

The Garden at Komet Club, Hamburg, 19.02.2014 – Foggy Report (english)




Version française ici


Let's put it like this: I had been warned that the Shears Twins are a crazy bunch. It's just that I didn't quite expect the outcome of going to one of their gigs.

With The Garden's stage time at Komet Club being 10 pm – which is, without a support act, pretty late already for a weeknight – and someone (either club staff or their manager) being into football a bit too much, we legitimately wait upstairs for a full 45 minutes until the Champions League watchalong is over and we're let in.




As soon as the show begins, though, all disappointment is swept from my mind immediately, with a mix of amusement and awe taking over very quickly.

Identical twins Wyatt (bass) and Fletcher (drums), no older than 20, grew up in Southern California. Unlike those modeling first and then feeling the need to start a band, the Shears twins were hit with an offer by Yves Saint Laurent after having played a show at The Echoplex in January. Just the other way around. They're now the faces of YSL's Fall/Winter 2013 Menswear campaign and basically Hedi Slimane's new muses.
But does that stop them from playing to 40 people in a tiny basement club in a European city?
Not at all.

Their setlist is packed with 23 songs, but trust me, they play about 30. Is it any wonder with half the songs being 30 seconds long, though?




While Fletcher, squatting on his drum throne and making faces at everyone photographing him, gives us fast beats – a lot of them made up on the spot as well – his brother keeps shouting ordinary things like "I see an 8 foot tall man walking out of the forest", "VADA VADA!" and "I'm a woman" at us.
And sometimes, when nothing else comes to mind in between songs, intelligent outbursts like "BLAARRGGHHH rainbow."



I know the crowd enjoys it, but barely a quarter of them manages to move more than a few inches because they're both intimidated and awestruck by the craziness and laziness of these twins.

After about half of the 60-minute-set, we get the weirdest encounter with The Garden 'playing' us a quick interlude: Three or four songs consisting of Hip Hop beats from Wyatt's phone and the boys rapping. Both of them. While jumping around of the two square meters that the stage has to offer. And sometimes in the crowd.
No one can pretend they really saw that one coming.



"You don't like us, I know you don't!," cries Wyatt in between songs, and I'd love to tell him that's just our Northern reservation – we do seem aloof, but we're usually just shy.

Wyatt is convinced that we do like him when a few brave fans call for an encore after the set, and we get another three or five or maybe seven songs … who even knows with those lengths?

Let me get this straight: The Garden twins are more than just two pretty faces (undoubtedly), they're great entertainers as well, and even if you don't like to listen on their dirty lo-fi garage punk on record (which you should), you better go see them live the next time you get the chance to.
And don't be scared to yell along: most of the songs don't consist of more than one sentence.
Learning by doing.


Sonja P
All pictures © Sonja P



- The Garden - "The Life And Times Of A Paperclip" (LP on Burger Records)

- All discography here

- The Garden at Komet Club, Hambourg (DE), 19.02.2014 presented by WildWax Shows 








samedi 22 février 2014

The Garden au Komet Club, Hamburg, 19.02.2014 – Foggy Report




English version here 


Disons le franchement, on m’avait prévenu que les jumeaux Shears (Ndlr : Cisailles en français…) étaient dingues, c’est juste que je ne m’attendais pas à ça en assistant à leur concert.

C’est à 22 heures que The Garden doit théoriquement jouer ce mercredi soir au Komet Club, horaire plutôt tardif sachant qu’il n’y a pas de première partie. Mais au vu de la passion de certains (employés du bar ou manager) pour le football, nous devons logiquement attendre encore 45 minutes jusqu’au coup de sifflet final du match de Ligue des Champions avant de pouvoir assister au concert…




Dès que le show commence, la frustration est immédiatement balayée de mon esprit et je suis rapidement envahie par un mélange d’amusement et d’émerveillement.

Les jumeaux Wyatt (basse) et Fletcher (batterie), pas plus de la vingtaine, ont grandit dans le sud de la Californie et, à l’inverse de certains qui ont débuté par la mode pour ensuite ressentir le besoin de se lancer dans la musique, les frères Shears ont reçu, à leur plus grand étonnement, une offre d’Yves Saint Laurent après l’un de leurs concerts à l’Echoplex (LA) en janvier 2013. Ils sont ensuite devenus les visages de la campagne Homme Automne / Hiver 2013 et les nouvelles égéries de Hedi Slimane.
Est-ce que ça les empêche de jouer devant 40 personnes dans une cave crasseuse d’une ville européenne ?
Pas du tout.


Leur setlist comporte 23 chansons, mais croyez moi ils en ont bien joué une trentaine. Est-ce étonnant si la moitié de celles-ci sont expédiées en 30 secondes chrono ?




Tandis que Fletcher trône derrière sa batterie en grimaçant à qui voudra, et nous balance insolemment ses rythmes frénétiques, son frangin prend un malin plaisir à nous hurler des choses ordinaires comme "I see an 8 foot tall man walking out of the forest" (Je vois un mec de 3 mètres de haut sortir de la forêt), "VADA VADA!" ou encore "I'm a woman" (Je suis une femme).
Et, quand rien d’autre ne lui vient à l’esprit entre les chansons, c’est un mugissement primal qui sort de sa bouche… "BLAARRGGHHH rainbow"…



Je sais que le public adore mais à peine plus d’un quart d’entre eux n’ose remuer, à la fois intimidé et émerveillé par la folie pleine de nonchalance des jumeaux.

Arrivé à la moitié de leur set, qui durera une petite heure, The Garden nous propose un court et surprenant interlude : 3 ou 4 chansons, constituées de beat Hip Hop sortant du téléphone portable de Wyatt sur lesquels les 2 rappent, tout en sautant sur et autour les 2m2 qui constituent la scène tout en se faufilant parmi la foule. On peut dire que personne ne s’y attendait.



"Vous ne nous aimez pas, je le sais ! " pleure Wyatt entre les chansons, et j’aurais aimé pouvoir lui répondre que c’est seulement notre « naturelle » réserve du nord qui lui donne cette impression – oui nous avons l’air distant mais c’est seulement de la timidité.

Wyatt finira convaincu du contraire quand quelques braves fans demandent expressément un rappel, et nous aurons droit à 3, 5, peut être 7 chansons… comment en être sûr vu leur durée?

Soyons clairs, les jumeaux de The Garden sont plus que 2 gueules d’anges (sans aucun doute), ils sont également de très bons artistes et entertainers.
Même si vous n’accrochez pas trop à leur garage punk lofi et crado, vous n’aurez aucune excuse à ne pas aller les voir la prochaine fois que l’occasion se présente.
Et si c’est le cas, n’ayez pas peur de hurler avec eux, la plupart de leurs paroles ne font pas plus d’une phrase.
Apprendre en pratiquant.


Sonja P
All pictures © Sonja P



- The Garden - "The Life And Times Of A Paperclip" (Burger Records)

- Discographie par ici

- The Garden au Komet Club, Hambourg (DE), 19.02.2014 présenté par WildWax Shows 






mercredi 29 janvier 2014

On a essayé Essaie Pas - Interview





Tout a commencé dans un club sombre et inconnu à l’extrémité est du port marchand de Hambourg : le Kraniche Klub. L’atmosphère industrielle, l’italo-dance du dj qui remplit le petit espace brut et froid et deux silhouettes vêtues de noir au bar.
À ma gauche, Marie Davidson : une jolie bouille ronde, un regard troublant, des lèvres pulpeuses, genre Beta Evers avec un accent canadien. À ma droite, son partenaire sur scène mais pas que : Pierre Guérineau, fin, grand, avec une mèche à la Lucky Lucke, une nonchalance mêlée à une timidité à peine cachée derrière un visage de pseudo-ange qui renferme une âme punk telle qu’on aimait la revendiquer au début des années 1980. Lui aurait pu être le leader de Liaisons Dangereuses aux côtés de Chrislo Hass et Beate Bartel.
Ces deux montréalais – l’une d’origine, l’autre d’adoption (Pierre est breton) – sont ceux que je suis venu voir jouer en live. Essaie Pas achève sa tournée européenne par Hambourg et deux dates parisiennes, qui sont elles aussi passées à l’heure où je vous parle.

Si je suis là pour les voir en ce vendredi soir alors que j’avais commencé la soirée avec les mecs de Foggy dans un resto sur-bondé rythmé par une dance aussi indigeste que son burger, c’est parce que je suis Essaie Pas et le projet solo de Marie Davidson depuis des mois. On parle sur Facebook, comme des jeunes fous qui partagent leurs selfies : ça surfe entre musique, passion, coeur... Et si quelque chose est à retenir dans ce couple de musiciens, c’est que ces trois mots ne font qu’un chez Essaie Pas. C’est le lendemain de leur concert précis, aux balances parfaites (Pierre est ingénieur du son et a produit le dernier album de son pote Alex, un certain Dirty Beaches...), conçu telle une tapisserie au millimètre pour les murs vides du Kraniche Klub, que j’ai pu enfin me poser au Café de Paris et discuter avec eux avant leur départ pour Berlin.

Ce qui s’est dit cet après-midi dans ce café art-déco du centre de Hambourg ne sont pas des choses que l’on retranscrit mot pour mot, mais que l’on raconte. C’est pourquoi seule une petite partie de l’interview, ludique et sans prétention, est retranscrite au mot près un peu plus loin. Le reste commence ici.




Marie et Pierre – ce dernier, à l’époque, fraîchement débarqué de Bretagne sur les terres canadiennes – se rencontrent dans l’espace La Brique à Montréal fin 2006. 2 ans plus tard, ils commencent à jouer ensemble des „jams psychés de 15 minutes“ comme ils les décrivent. „On a fait une dizaine de dates à Montréal à l’époque“.
Pierre, guitariste et ingé son, décrit sa ville d’adoption comme „une ville agréable à vivre où les loyers sont encore abordables, ce qui permet aux artistes d’avoir du temps pour créer“. C’est là qu’est née Marie il y a 26 ans, dans une capitale qui semble être la pouponnière de nombreux talents undergrounds de ces dernières années. Violoniste, elle lâche tout pour la musique à 20 ans : pas étonnant avec des influences comme Nico du Velvet, Brian Eno et Chris and Cosey que l’on ait envie de se consacrer à la musique électronique. Marie Davidson, projet solo qui naît en 2012, ce sont d’abord des expérimentations sur Roland SH 2000 et des collaborations avec l’excellent Daniel Kristian (DKMD) ou encore Les Momies de Palerme. Puis, elle découvre le séquenceur. Ce séquenceur c’est le pinceau de la jeune artiste envoûtante : elle ne s’imagine pas sans lui, même sur une île déserte où il n’y a rien à bouffer.

Quand Essaie Pas devient officiel, le couple ne l’est pas encore. Ça ne les empêche pas de produire cette musique qui ne se décrit pas avec des mots mais avec des émotions : chaque morceau, chaque texte, vient d’une douleur intérieure, d’une réaction face aux aléas de la vie. Le meilleur exemple, c’est quand les deux me disent en choeur : „On a commencé à utiliser une drum-machine parce qu’on n’avait pas de batteur. En fait, c’est comme ça que l’on a switché du rock psyché à l’électronique.“ Avec eux, rien n’est préconçu, rien n’est spécialement réfléchi.

Essaie Pas, c’est une musique de l’instant : un genre de blues moderne, réinterpété par les influences Neue Welle/New Wave, électroniques et rock des deux protagonistes. A travers leur dernier EP „Tout Est Jeune“ (Téméraire Records) et leur album „Nuit de Noce“ (Teenage Menopause / Malditos Records), ils extériorisent chaque moment douloureux et inspirant de leur vie déjà bien remplie. C’est techniquement parfait, mais également au niveau musical, la sauce prend : quand ils sont en colère, ils sortent les séquenceurs, les arpèges analogiques et les drums agressives ; quand ils sont tristes, Marie nous fait profiter de sa voix langoureuse et veloutée et Pierre de sa guitare pour balancer un blues.
Ça vit même quand c’est lent et c’est sur scène que le groupe se révèle par ses attitudes, ses réactions et ses regards. Ce qui fera fermer le clapet de ceux qui ont trop critiqué un „Tout Est Jeune“ qui ne se réveille pas. Putain, ce n’est pourtant pas difficile à voir ni à écouter : quoi de plus rare que ce couple qui se fout des tendances musicales actuelles qui sont déjà tombées bien trop bas et qui compose suivant ses incidents de parcours ? Pierre, en expliquant qu’Essaie Pas vient de l’épitaphe de leur écrivain fétiche Charles Bukowski, ajoute : „C’est pas un groupe avec un concept intellectuel. On ne se dit jamais que demain on va jouer ça ou autre chose parce que c’est la mode. Quand ma musique est trop évidente ou ressemble à quelque chose d’autre, ça me met mal à l’aise.“ N’est-ce pas là une phrase on ne peut plus naturelle, mais qui semble avoir disparu de l’esprit d’un trop grand nombre de branleurs qui s’amusent sur des synthés.
Des Essaie Pas, c’est comme le Carcajou : il n’y en a plus beaucoup. Et chez Foggy, on se la joue WWF des groupes qui montent et qui réfléchissent, et on les chérit, on les encense et on les respecte.



Et maintenant, vous avez bien mérité un moment de détente avec l’interview suggérée par Thierry Ardisson : „L’interview Essaie Pas essaie!“.



x Essaie Pas essaie de se rappeler leur premier morceau ensemble.


Pierre : Ca devait être Carcajou. C’est une chanson qui évolue, mais c’est jamais deux fois la même.

Marie : C’était un long jam expérimental à la base. On a dû en faire au moins 8 versions depuis qu’on existe.

x Essaie Pas essaie de nous faire comprendre ce que signifie Carcajou.

Pierre : Le carcajou est un symbole du grand nord canadien. C’est un animal en voie de disparition, pas très beau, pas très sympathique, très agressif, ... C’est un des rares animaux qui tue ses victimes et leur pisse dessus après.





x Essaie Pas essaie de nous citer 5 influences majeures.

Marie : Charles Bukowski, Klaus Schulze, Nico, Brian Eno... Et beaucoup plus moderne, un artiste mexicain qui s’appelle Daniel Maloso sur le label Cómeme qui fait une sorte de techno/electro, funky, super sexy, très minimal.

Pierre : Ouais, c’est super. T’écoutes l’album, t’as envie de faire la fête, c’est vraiment bon ce qu’il fait.

x Et toi, Pierre ?

Pierre : Oh moi je suis nul à ça... Je pense que je me suis mis à la musique à cause de Jimmy Hendrix après je sais pas, y en a tellement d’autres. Marie est très comme ça, elle a sa couleur préférée, elle a ses trucs bien précis. Moi la couleur du ciel, le livre que j’ai lu y a 5 ans, ce que j’ai bouffé ce matin, tout ça va m’inspirer...



x Essaie Pas essaie de nous raconter ce qui les attend pour 2014.

Marie : Moi j’ai mon prochain album „Perte d’Identité“ qui sort en mars sur le label Weyrd Son Records, un label belge. Et puis Essaie Pas, on va continuer à produire des sons, c’est sûr.

Pierre : En fait 2014 va être une année particulière pour moi... J’ai perdu mon studio, j’ai plus de maison, j’ai plus de permis de travail, j’ai plus tellement d’attache... Ca va être une année où tout est possible. Alors ça peut foutre les jetons, mais c’est en même temps une grande liberté. Pour l’instant, j’ai surtout l’intention de refaire du travail de studio, de soigner encore plus mes productions et de collaborer avec plus de personnes. Je vais entre autres re-collaborer avec Alex Scarfone aka GRKZGL dans un style plutôt techno sombre, minimale et bruitiste. Y a un projet de long-métrage qui m’attend, avec Jean-Frédéric Noel, qui a déjà réalisé des vidéos pour Marie Davidson : J’y jouerai le personnage principal et participerai à la composition de la musique originale. Je pense que ça va être une année beaucoup plus mature dans ma musique. Et cette tournée a participé à cette envie : rencontrer autant de gens, partager notre musique dans plein de lieux différents, c’était vraiment stimulant pour nous. En tant que musiciens ça nous a vraiment changé. Et j’ai vraiment hâte de recréer parce que c’est le problème de la tournée...

Marie : Oui, la création nous a vraiment manqué...

Pierre : .. au bout d’un moment t’es juste fatigué de répéter les mêmes morceaux.


x Essaie Pas essaie de nous donner les meilleurs souvenirs de leur tournée.

Pierre : Le 1er de l’An à Berlin c’était vraiment super. On nous a invité dans un club pour mixer. On est partis avec deux amis parisiens qu’on avait pas vu depuis longtemps et ça a été une nuit de fête et danse assez incroyable. Et puis encore à Berlin, notre concert au Kit Kat Club, c’était fou! Je n’ai jamais vu un endroit pareil. Genre à certains passages épiques de guitare, un dragon géant crachait des flammes au-dessus de moi!

Marie : Mon souvenir le plus marquant, ça n’a rien à voir. C’était aussi à Berlin et la maison dans laquelle on était logés était seulement chauffée au bois. J’avais jamais vu ça. C’était très particulier pour moi de me lever le matin et d’aller chercher du bois. (rires)

Pierre : Et puis l’Italie, Naples et Rome ... à Rome c’est comme se balader dans un musée.

Marie : A Capitoline Hill, les ruines m’ont rappelé le live à Pompéi de Pink Floyd.

Pierre : Et puis Naples, c’est juste un chaos dégénéré. C’est un souvenir énorme.



x Discographie:

- Essaie Pas, Téméraire Records, 2011



- Tout Est Jeune, Téméraire Records, 2012


- Nuit De Noce, Teenage Menopause Records / Malditos Records, 2013



Merci à Essaie Pas pour avoir accordé autant de temps au Foggy Girls Club. On sait pas vous, mais nous on va continuer de les suivre et d’en parler.


Francis (The Morning Slap).


mercredi 22 janvier 2014

POW! - Foggyview (english)




Version française ici


There are certain times when certain things are not expected. There are some other times when we might think that, once again when it’s coming from the dungeon of the Rock N’ Roll kings, understand here « Castle Face Records », it’s gonna be something huge. 

This time was one of the first ones. One little push on the play button and POW! the big slap it was, and nobody saw it coming. Not content with not taking any holydays, Castle Face don’t even let us breathe. But we won’t lie, we won’t deny ourselves, here. 

We don’t know much about those three fellows, just that Byron Blum is also playing the guitar with Useless Eaters. Here he stands aside Melissa Blue and Aaron Diko. John Dwyer (Thee Oh Sees) himself made this prophetic announcement in the last Castle Face newsletter : « It’s an incredibly great record with some timeless tunes, a sound all its own ! ». We might just agree with him. 

There is something here sounding like The Fall and we could also call to mind the musical blasts from their label colleagues The Mallard or Total Control. 
Punk is there sound but we could say sick and minimal pop », or whatever you want. The crisp and sustained drums bring perfectly up the soarings of their synthetic sounds, when the guitar gladly tears Melissa and Byron’s vocal interferences to shreds. 

POW! is coming from San Francisco and, as it could have been witnessed those past few months, the gentrification there is source of many contestations and revolts. The title « Hi-Tech Boom » (which is the name of one of their songs and of their album) is a direct reference to that phenomenon. We can be delighted that such a problem, which can be found in many esteemed cities and we can relate to, from Paris to Hamburg, or from London to San Francisco, is spoken of in (such) an album.




Byron Blum kindly answered some of our questions below : 

Hey this is Byron. I'm in my room laying in bed typing this, to U.


x What is your definition of rock and roll or music ? or describe how do you feel when you're doing music?

Music is a religion. Rock N roll music is broken glass. It's empowering. It's a baseball bat.


x A picture?




This is a self portait of my homeboy Tim Presley I came across today.
I really like it because it looks like him.


x Worst nightmare ?

?


x The place you enjoy the most?

Engine Works. It's a living workspace where I record and play music and hang out.


x 3 albums:

- Patti Smith - Horses
- Gun Club - Fire of Love
- Brian Eno - Here Come the Warm Jets




x A quote:

INITIAL THE TREE HAIL ROCKNROLL


x Discography:


- POW! - Hi-Tech Boom LP (Castle Face Records) out 14/01/2014

http://www.castlefacerecords.com/products/pow-hi-tech-boom

- POW! will tour in Europe in May/June 2014. See u there ?





B. & Julien

POW! – Foggyview





English version here.


Il est certaines fois où l’on ne s’y attend pas. Il est d’autres fois où on pourrait tout d’abord se dire que, venant encore une fois du donjon des rois du royaume Rock N’ Roll, j’ai nommé Castle Face Records, on pourrait deviner qu’il va s’agir de quelque chose de fort.

Cette fois là était une des premières. Une pression sur le bouton lecture du player et POW! la claque à laquelle personne ne s’attendait un 14 janvier. Non content de ne jamais prendre de vacances, Castle Face ne nous laisse pas un moment de répit. Mais ne soyons pas hypocrites, nous n’allons pas bouder notre plaisir.

On ne sait pas grand chose de ces trois nouveaux venus, sinon que Byron Blum est aussi guitariste pour Useless Eaters. Ici, il accompagne Melissa Blue et Aaron Diko. John Dwyer (Thee Oh Sees) himself l’annonçait dans la dernière newsletter du label « Its an incredibly great record with some timeless tunes, a sound all its own » « c’est un album incroyable, avec des morceaux indémodables et un son bien à lui. », on ne peut qu’être d’accord avec lui. Il y a un côté The Fall dans leur musique et on aurait aussi envie d’évoquer les déflagrations de leurs collègues de label The Mallard et Total Control.

Punk est leur son, mais on pourrait dire pop malade et minimale. La rythmique cradingue porte parfaitement les envolées électroniques de leur vieux synthétiseur, et entre les échanges de voix de Melissa et Byron, la guitare prend un malin plaisir à cisailler à tout va…

Les POW! viennent de San Francisco et, comme on a pu le voir et le lire ces derniers mois, la gentrification y suscite de nombreuses révoltes et critiques. Le titre « Hi-Tech Boom » ( qui est le nom d’une de leur chansons et de leur album) en est directement issu. On ne peut que se réjouir que ce problème, qui se retrouve dans de nombreuses autres villes chères à nos cœurs, de Paris à Hambourg, ou de Londres à San Francisco, soit évoqué dans un (si bon) album…




Byron Blum a gentiment répondu à quelques questions :

x Votre définition du rock and roll ou ce que vous ressentez en jouant de la musique ?

La musique est une religion. Le Rock N Roll c’est du verre brisé. Ça donne un sentiment de puissance dévastatrice. C’est une batte de baseball.


x Une image?




C’est un autoportrait de mon pote Tim Presley (ndlr : White Fence) sur qui je suis tombé aujourd’hui.
J’aime beaucoup, c’est très ressemblant.


x Pire cauchemar ?

?


x Un endroit préféré?

Engine Works, c’est un lieu de travail super vivant où je joue, j’enregistre et traine…


x 3 albums:

- Patti Smith - Horses
- Gun Club - Fire of Love
- Brian Eno - Here Come the Warm Jets




x Une citation:

INITIAL THE TREE HAIL ROCKNROLL


x Discographie:


- POW! - Hi-Tech Boom LP (Castle Face Records) out 14/01/2014

http://www.castlefacerecords.com/products/pow-hi-tech-boom

- En tournée en Europe , Mai/Juin 2014. See u there ?





B. & J

mercredi 8 janvier 2014

Howlin Banana Records available at Crypt Records Hamburg

http://www.howlinbananarecords.com/

http://www.cryptrecords.com/



Hallo Hamburger Freunde,

Es ist uns eine Ehre Euch mitzuteilen, dass das Label "Howlin Banana Records" aus Paris seine Platten im "COOL & CRAZY" Shop, welcher zum bekannten Label Crypt Records gehört, zum Verkauf anbietet (und auch im Crypt Mailorder).

Rennt hin bevor die einzigartigen Platten einen anderen Besitzer finden!!




Dear Hamburger friends,

It’s a pleasure to announce that the vinyls from the excellent parisian record label Howlin Banana, are now available at the COOL & CRAZY shop (and by mailorder), owned by legendary Crypt Records.

Go ahead and run for it before they run out of those rock and roll nuggets you can’t miss...



Still available: 

The Madcaps - S/T EP – 4 tracks 7’ yellow vinyls (Limited edition)


Kaviar Special - S/T - Limited White Edition LP

Los Dos Hermanos - Bourbon, Blood & Seafoods - LP
Volage - Maddie - White 10″ Maxi EP

The Cavemen V - Be My Cavegirl 7″

The Norvins - I Wanna Shake You Girl Single 7″

Travel Check - 66$ - EP 7″





THE CRYPT STORE COOL & CRAZY:
Julius-Leber-Str. 20, Hamburg Altona
Montag - Freitag 12 bis 19 Uhr 








FGC
Thanks to Julian, Samuel and Paula.




mercredi 18 décembre 2013

Foggy Girls Club's Merry Best Of 2013 - Die große Liste





2013 is coming to an end and, as an outlet, we have the impression that permission is given to speak freely. So, for this wonderful year we would like to thank:
The yelling neighbors, the bookers that forgets to book, the whole french (maybe worldwide) political landscape, One Direction, the conjuncture, the french anti-gay marriage activists, the breaking strings, the ripped drum skins, the brain drain, the dumbs that remain, the japanese government for Fukishima, Kim Jung Un, the NSA, that big guy between you and the stage, the yelling shorties... we might forget some, but well, all those or what's keeping us angry and willing to mess all up, stir up troubles like we know how.

However, and a tiny bit more seriously, we come up with a huge almost unreadable list of what we listened to and loved during the year (with probably some left behind, and we're sorry for that). No "top", no chart, because it's impossible, but a list of a hundred albums, EP's and singles that we strongly recommend you to buy blind or at least listen to.

And since we're here, we would like to give a big kiss on the cheek to all of you artists, bands, labels, record stores, gigs organizers, venues, bars, worldwide krabers and to the informed audience for this great year.

Happy New Year, keep the faith and our devoted thoughts to Mister Lou Reed.

The Foggy Girls Club.




2013 touche à sa fin et comme un exutoire, on a l'impression que c'est le moment de se dire les choses. Alors pour cette belle année on voudrait remercier :
les voisins mécontents, les tourneurs qui ne font pas tourner, les manifs pour tous, l'ensemble de la classe politique française, les One Direction, la conjoncture, les cordes qui pètent, les peaux qui cassent, la fuite des cerveaux, la sédentarité des cons, le gouvernement japonais et Fukushima, Kim Jung Un, la NSA, ce mec trop grand entre vous et la scène, les petits qui s'en plaignent etc... et tous ceux qu'on oublie forcément, qui nous donneront toujours à tous l'envie de foutre le bordel, le souk, le dawa.

Trêve de plaisanterie, nous vous avons concocté une grosse liste illisible mais pleine d’amour de tout ce qu'on a écouté et adoré (il y a surement des oublis, on s'en excuse). Pas de top parce que c'est prise de tête, mais une liste d'une centaine d'albums, d'EPs et de singles qu’on vous conseille assurément d’acheter, ou au moins écouter, les yeux fermés.

Puisqu'on est là, on va quand même glisser un chaleureux poutou à tous les artistes, groupes, labels, disquaires, organisateurs de concerts, salles, bars, Krabers du monde entier et le public avisé pour cette belle année musicale.

Bonnes fêtes de fin d’année, gardez la foi et nos pensées les plus dévouées à Monsieur Lou Reed.

Le Foggy Girls Club.




18+ // MIXTAP3 // Self Release

ANNA // ANNA album // Self Release

Audacity // Butter Knife // Suicide Squeeze Records

Beat Mark // Move On K7 // Soft Power Records

Betamaxx // Sophisticated Technology // Telefuture

BLACKMAIL // BONES // Malditos Records

Blithe field // Original Scores // Messy life

Blouse // Imperium // Captured Tracks

Bona Dish // Zaragoza Tapes: 1981-1982 // Captured Tracks

Burnt Ones // You'll Never Walk Alone // Burger Records

Cass McCombs // Big Wheel And Others // Domino

Cate Le Bon // Mug Museum // Wichita / Turnstile

Catfight // Catfight s/t EP // Self Release

Cheap Time // Exit Smiles // In The Red

Cool Ghouls // S/T // Empty Cellar Records

Crystal Stilts // Nature Noir // Sacred Bones Records

Danny Brown // Old // Fool's Gold

Dead // Extended Transmissions EP // Le Turc Mécanique

Death Grips // Government Plates // Self Release

Deerhunter // Monomania // 4AD

Dick Diver // Calendar Days // Chapter Music

Dreamsalon // Thirteen Nights // Captcha Records

Flatbush Zombies // BetterOFFDEAD // Self release

future // Abyss EP // Self Release

Fuzz // Fuzz // In The Red

Fuzz // Live In San Francisco // Castle Face Records

Gap Dream // Shine Your Light // Burger Records

Hailu Mergia // Hailu Mergia & His Classical Instrument: Shemonmuanaye // Awesome Tapes From Africa

Halasan Bazar // Space Junk // Crash Symbols

Henry the Rabbit // Earthen Birth // Moon Glyph

Holograms // Forever // Captured Tracks / Stranded Rekords

Iceage // You're Nothing // Escho

Jacco Gardner // Cabinet of Curiosities // Trouble In Mind

Jeffrey Novak // Lemon Kid // Trouble In Mind

Jessica 93 // Who Cares // Teenage Menopause Records / Music Fear Satan

Jonathan Rado // Law and Order // Woodsist

Kaviar Special // LP // Howlin Banana Records / Azbin Records / K7 Retard Records

Kelley Stoltz // Double Exposure // Third Man Records

Kevin Morby // Harlem River // Woodsist

Kurt Vile // Wakin On A Pretty Daze // Matador

La Femme // Psycho Tropical Berlin // Barclay / Born Bad

La Luz // It's Alive // Hardly Art

Legs // Pass The Ringo // Loglady Records

Lust For Youth // Perfect View // Sacred Bones Records

Magic Trick // River of Souls // Empty Cellar Records

Marble Arch // echidna ep // Self Release

Maria False // Death / Mary // Le Turc Mécanique

Mazzy Star // Seasons Of Your Day // Rhymes of an Hour

Merchandise // Totale Nite // Night People

Midnight Ghost // Midnight Ghost // Self Release

Mikal Cronin // Mcii // Merge

Mike Donovan // Wot // Drag City

Morrissey // 25 Live // ?

my bloody valentine // m b v // Self Release

Oblivians // Desperation // In The Red

Ooga Boogas // Ooga Boogas // Aarght

Pastacas & Tenniscoats // Yaki-Läki // ?

petit fantôme // Stave // Self Release

Primal Scream // More Light // Ignition Records

Quakers // Quakers // Stones Throw

Sapin // Radio Hits K7 // Retard Records

Sapphire Mansions // Over America // Self Release

Saintes // Horizontal/Vertical // Crash Symbols

Scott & Charlenes Wedding // Any Port In A Storm // Fire Records

Sebastien Tellier // Confection // Record Makers

Sic Alps // She's On Top // Drag City

Sick Hyenas // the White Mofo Drug Smuggla tape // Self Release

Sink Ships // S/T // Self Release

Skategang // Freya Police K7 // Gone With The Weed

Sonny Smith // 100 Records Vol. 3 // Self Release

Still Charon // HOME // Self Release

Swamp Dogg // Gag a Maggot / Rat On / Total Destruction to Your Mind reissues // Alive Records

Sweet Valley // SV // Fool's Gold

Teengenerate // Get More Action! Reissue // Crypt Records

The Cairo Gang // Tiny Rebels // Empty Cellar Records

The Clean // Vehicle (2013 Reissue) // Flying Nun / Captured Tracks

The Fall // 13 Killers // Secret Records

The Feeling of Love // Reward Your Grace // Born Bad Records

The Gaslamp Killer // Breakthrough // Brainfeeder

The Herms // Drop Out, Vol. 1 // Castle Face Records

The Mallard // Finding Meaning In Deference // Castle Face Records

The Mantles // Long Enough To Leave // Slumberland

The Pastels // Slow Summits // Domino

The Prefab Messiahs // Devolver // Burger Records

Thee Mighty Fevers // Thee Mighty Fevers // Dead Beat Records

Thee Oh Sees // Singles Vol 3 // Castle Face Records

Thee Oh Sees // Floating Coffin // Castle Face Records

Tommy // Classics // Girlfriend Records

Tomorrows Tulips // Experimental Jelly // Burger Records

TV COLOURS // Purple Skies, Toxic River // Eighteen Records

Ty Segall // Gemini // Drag City

Ty Segall // Sleeper // Drag City

unhappybirthday // Kraken // Night People

VA // World War 1 / Retard Records K7 // Retard Records

VA // Group Flex II - Son Of Flex // Castle Face Records

Vår // No One Dances Quite Like My Brothers // Sacred Bones Records

Venera 4 // Deaf Hearts EP + Seabed Terror 7" // Requiem Pour Un Twister

Volage // Maddie (10" Vinyl Reissue) // Howlin Banana Records

Warm Soda // Someone For You // Castle Face Records

White Fang // Steady Truckin' For Summer // Burger Records

White Fence // Cyclops Reap / Live in San Francisco // Castle Face Records

White Fence // White Fence Reissue // God ?

Young Sinclairs // CRM007 & CRM008 // Croque Macadam




FGC.








mercredi 11 décembre 2013

Kaviar Special - Foggyview (english)


pic V Strauss

Version française ici

No hood, but fishing nets for Howlin Banana and Azbin Records, at the end of this year. In talented fishermen they realize a very nice catch, as well as catching our attention, in the coolest manner, the Kaviar Special
Straight from the breeding pool that is Rennes (french city in Brittany), as well as their basin brethren (Catfight, Rigg, Blackjag Davy, Bikini George, Sapin…), we could have assumed their sound to be delicate, as the delicacy they’re named after… That’s not really what’s happening. Still, and « Oh joy ! », it will proudly take place on your table, between the « foie gras » and the oysters, for the french here at least, on the christmas table. Ok, maybe not on the table, but for sure in your ears. They went through enough bullshit all year long, not to reward them with something good. 

« Special », that they are. More than just torturing the fuzz and the good vibes like no one else, we feast on their melodies like Dating A Slut, Summer, Shirley, Ptit Cul or Sabadidon ( we could easily feast on all of them actually, because much more than being just « good » they sum up everything we like about the rock scene these days). 

Precious, also, for it’s been so long we were waiting for something wild and dirty out of the capital of Brittany. That, my friends, is done. And we are happy. And we are filled, but not enough to pass on devouring this delicious white vinyl coming out on the 10th of December.
Get it and listen to it below:




Adrien, Kaviar bassist of the band kindly answered to some of our questions...



« We started in the beginning of 2012. We four, were living together in a house in Rennes, Brittany, and used to rehearse in the garage (we’re playing garage, the real one). We’re influenced by punk and sixties music but especially the modern era like Burger Record, In The Red Records etc… »


x What is your definition of rock and roll or music ? or describe how do you feel when you're doing music?

When you keep on listening to bands, and going to gigs, it makes you want to create something , to write a song, to put some arrangements here and there.
It just depends on one or two bands and then it click, you’re getting into it, you compose, you play, where you can.
For me, Rock and Roll is the 50’s, Chuck Berry, Little Richard, Bo Diddley etc…
Today it doesn’t really mean anything. Like a tattoo of Johnny Hallyday is rock and rollish…


x A picture?




Los Saicos. Four Peruvians who released a megastylish album in 1964. Lost in deepest Peru, nobody really understands from what they could put out this so dirty and wild sound. They only were influenced by british bands from the 60’s but I really think they influenced a lot of people. Demolicion ! is an incredible song where they explain that they want to blow up the noisy train station next to their place that keeps them from rehearsing properly. This is definitely an anthem.


x Worst nightmare ?

When we were touring last summer, driving at like 80 mph on the highway, the back doors of our van suddenly opened… The trunk was full with all our instruments and stuff. So we stopped on the emergency lane, freaked out, and fortunately there was just one guitar missing ! It was 3 in the morning, the highway was desert and we hurried to find grab the guitar back before a car would run over it. Like a miracle, it was intact even not out of tune… In my head, I was already seeing all our amps crushed on the road and a big pile-up… That would have been a fucking nightmare…


x The place you enjoy the most?

« Cocoon », it’s a studio, not really far from Rennes. We’re hanging out there to record, rehearse, jam, sip some cocktails and juggle. Laid back.


x 3 albums:

It’s really hard to only pick 3…

- Bare Wires - Idle Dreams
Matthew Melton is a genius, tyrannical but genius.

- Ramones - Ramones 
The pure and authentic energy. This album is incredible. I never heard anything else that would hit me like that. Sniffing some glue and not the slightest guitar solo.

 - Harlem - Hippies
Harlem is the kind of band which makes you confident. They have amazing melodies, you can feel that there is no brain racking, it’s so spontaneous, it’s beautiful. It makes you want to chill with them. I think they split, that´s a shame.

- Dead Ghosts - Can't get no

- Ty Segall, his life, his work…








x A quote:


"J'ai couru jusqu'à quand ce que je pouvais" Franck Ribéry


x Discography:

- "Pope of the Pop" (Nov. 2012) on "la Rennes Du Garage" 7’’ compilation by Open Art Surgery with 4 garage bands from Rennes.



- "Sabadidon" (Nov 2013) on the K7 World War 1 comp by Retard Records.



- "Kaviar Special" S/T LP out the 12/10/13 (Azbin Records & Howlin Banana Records), K7 on Retard Records



- They’ll tour in France in january and february.


B & JL/ FGC