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C’est un coup de cœur qui nous amène à parler d’une belle initiative menée par des jeunes gens à l’oreille fine et à la vue claire.
Notre 1er contact avec les turcs fut l’envoi et l’écoute d’une cassette. C’est assez rare de tomber sur une sélection musicale aussi fraiche, défricheuse et jouissive et qui donne l’impression de découvrir un trésor caché tout en nous racontant une histoire.
Pour résumer rapidement leur actualité, Le Turc Mécanique prépare la sortie d’une cassette pour le 05 Juillet prochain, LTM#1 et, pour fêter ça, une soirée le même jour à l’Espace B avec les concerts de Blithe Field et Seventeen At This Time et du bodypainting.
Concours terminé
Pour la suite, qui vivra verra…
Mais avant toute chose, on a laissé à Charles le soin de nous en dire un peu plus sur eux et de nous expliquer à quoi tout cela rime…
x Le Turc Mécanique c’est qui, c’est quoi?
Le Turc Mécanique est un label, et, plus que ça, un genre de prête-nom sous lequel Lucie, Nicolas et moi pouvons donner une existence concrète à nos idées qui ne sont pas directement liées à nos productions artistiques propres. Nous sommes donc trois. Lucie est plasticienne et gère tout ce qui est « visuel », du packaging des cassettes aux performances qui ont lieu lors de nos soirées. Nicolas, ensuite, est un bidouilleur fou baigné dans la culture DIY, qui, s’il est vulgairement qualifié d’ « homme à tout faire », gère la logistique des concerts, le site etc… Quant à moi, je m’occupe en grande partie de l’identité sonore du label.
Le nom vient d’un canular soigneusement bien monté de la fin du XIIIème. C’était un pseudo-automate qui était sensé jouer aux échecs. Un homme était en fait caché à l’intérieur, et il a fallu une trentaine d’année pour que le public découvre où le type pouvait être caché. L’homme dans la machine. Cette image correspond autant à notre démarche (avoir la souplesse humaine au niveau de la variété de nos projets et l’acharnement d’un robot pour les monter) qu’elle fait référence à toute une musique qu’on aime bien, froide à boîte à rythmes et synthés.
Notre but, c’est de faire un truc grisant. Certaines personnes font du saut à l’élastique, d’autres partent en Inde faire de l’humanitaire. C’est un truc très générationnel. Les gens qui ont 20 ans aujourd’hui veulent ça et du fric, je crois. Ce sont les deux grandes obsessions, qui sont parfois contradictoires d’ailleurs. Nous, c’est ça qu’on veut faire, sortir des objets musicaux étranges, faire des soirées qu’on juge inhabituelles, essayer d’explorer nos possibilités, parce qu’on a l’impression justement que tout est possible. On n’a pas encore trop buté sur des obstacles qui réduiraient notre champ d’action. Ca viendra peut être avec d’autres choses, le fric, sûrement, à terme.
Plus précisément, on fait partie de la génération qui a vécu avec Emule d’abord, puis Bitorrent etc… On n’a pas eu notre vinyle dont on aurait pu être si fier, ni quoi que ce soit. Juste les CDs, mais dans les Fnac, avec ce côté industriel, générique. On cherche donc à produire ce genre d’objets « identitaires » qui ont pu nous manquer avec une musique qu’on trouve intéressante (au bas mot) à mettre en valeur.
x Est-ce qu’il y a une recherche d’identité musicale / artistique précise ?
Au niveau musical, si on ne fait pas dans le : « Alors nous, c’est le Punk Expérimental tendance Dark et Planant », il y a clairement une esthétique. C’est plutôt des histoires d’émotions, de ressentis. Je crois que ça se comprend mieux en écoutant la compilation. Après, c’est vrai qu’on travaille sans feuille de route, alors qui sait, peut-être qu’on sortira un album de reggae en CD dans six mois. Mais faudra vraiment qu’il soit bizarre, ce disque, genre « Information », de « Berlin », le groupe 80’s.
Visuellement, Lucie maîtrise le sujet, même si on a convenu ensemble de certains éléments graphiques, l’engrenage par exemple. Nous suivons ensuite son trait, ses recherches, sa façon de coller à sa sensibilité à celle qu’on retrouve chez les artistes qu’on sort.
x La Cassette LTM#1 ?
Notre but est donc de réfléchir à la place de la musique physique dans l'après CD, l'aspect totem du support musical. Par exemple, on n'a pas choisi la cassette pour son aspect nostalgique (on ne l'a pas vraiment connu), mais parce qu'on pouvait la travailler à la main, qu'on était donc libre d'en faire une pièce à part. D'ailleurs, on sort des carcans habituels de la cassette, on ne presse que sur une face, en faisant des pochettes en jeans, en la peignant à la main. L'idée, c'est de créer un genre de doudou pour adulte, qu'on puisse poser fièrement sur l'étagère ou dans son sac. Parce qu'on pense qu'on peut "valoriser" la musique de "niche" de cette manière là. En tout cas, c'est le défi de cette première cassette.
x Vous avez prévu de faire une version digitale ?
Oui, évidemment ! On les proposera sur un Bandcamp, je pense. Aussi, chaque exemplaire de la LTM#1 physique donnera droit à une version mp3, on est en train de plancher sur la façon dont on met ça en place. C’est nécessaire, à notre sens car s’il est important de pouvoir « toucher » la musique, il faut aussi pouvoir l’écouter. Je me rappelle avoir par exemple choppé le très bon 3 titres vinyle de Luneville, mais je galère encore aujourd’hui pour trouver Going Digital gratos sur le web, parce que j’ai pas de lecteur adapté (pas de platine). Je vais devoir l’acheter sur Itunes ou quoi, mais je suis content de l’avoir en vrai, parce qu’il est vraiment beau, ce disque, avec tous les instruments utilisés sur la jaquette, etc…
LTM#1 à écouter (et à acheter) ci-dessous :
x Ils viennent d’où les groupes, est ce que tu peux les présenter ?
The KVB ou Blithe Field, on a écouté leurs LPs en boucles avant même d'avoir l'idée du label, donc c’était comme une évidence de leur proposer de faire partie de la compilation.
Ensuite, Punks Are Fags sont des amis qui jouent de la musique avec pleins d'instruments bizarres, contrebassine, dejeridoo, BAR merdique, casios … et qui reviennent des teufs crades à base de Tribecore et autres boom boom. Ils sont organisés de manière très étrange dans leur façon de travailler, mais il y a quelque chose de novateur dans ce qu’ils font, leur manière de foncer tête baissée.
Sundae, c'est le groupe de "pop" parfait pour nous: Un truc aérien, en espagnol, avec synthés flottants etc…
Arc Light, on est tombé dessus par hasard, on a du réécouter ses morceaux une dizaine de fois pour avoir l'impression de les comprendre vraiment, on l'a trouvé fascinant.
Ajeeb sont deux geek, qui ont composé cette chanson en se balançant les pistes sur mediafire sans jamais se rencontrer. Après, aucune trace d’eux sur le web.
Seventeen at This Time, c'est Paul, des excellents Dead Mantra, qui m'a envoyé leurs chansons par hasard et Bobby Beausoleil s’est imposé presque naturellement dans le tracklisting.
La bonus-track est de moi, on ne la retrouvera que sur la version cassette. J’ai joué avec le discours de Martin Luther King, parce que sa puissance le rendait déjà musical, puissant, façon Spoken Word, Gil Scott Heron etc…
x C’est quoi votre relation avec tous ces groupes?
Pour tout te dire, c’est assez varié. Comme je le disais, on fait des crumbles avec Punks are Fags les dimanche matins, mais de l’autre côté, mais on n’a fait qu’échanger quelques mails avec Arc Light. On a aussi pas mal bossé avec Poulpe Mort, le label français de Blithe Field pour monter la Release Party du 5 Juillet. On va discuter plus avec les groupes une fois qu’on aura sorti la LTM#1, histoire de voir qui veut continuer avec nous sur des projets plus individuels, sachant nos moyens médiocres et notre façon de travailler.
X Y a-t-il un thème sur cette 1ère sélection ?
Pas vraiment. Mais en intégrant les premiers groupes à la compilation, une direction était assez naturelle. Je crois qu’on est allé vers quelque chose qui correspondrait aux représentations qu’on pourrait se faire d’une musique cold de maintenant. De la musique triste, aliénée.
Peut-être parce qu’on est des gens un peu chiants pour qui on ne rigole pas avec la musique. On n’est pas fan des trucs légers, même des trucs rock ou quoi. En tout cas, on n’a pas envie de sortir ça à l’heure actuelle.
Les Cheap Recordings, c’est quoi par rapport aux cassettes ?
C’est un petit plaisir. On aime bien les démos, on aime bien aussi ce que faisait Beko, et en temps qu’artiste, on est assez impatients, on a besoin de présenter des travaux vite, même s’ils sont imparfaits. Donc on s’est décidé à mettre cette plateforme en place pour pouvoir proposer ça aux artistes avec qui on a envie de monter des trucs, mais qui n’ont pas forcément grand-chose à proposer sur le moment.
C’est aussi l’occasion pour eux de créer des morceaux spéciaux, de jouer avec leurs multipistes cradingues, de composer en conséquence. Des genres de « hors-séries » lo-fi.
Le premier sort le 20 Juin sur le Bandcamp dédié et ce sera un deux titres de Smiling Clown.
Est-ce que vous avez l’intention avec ces projets de vous faire du fric ? du pognon? du flouz? de la fraiche?
Non, il y a vraiment un aspect « activiste » dans notre façon de travailler, pour le moment. Mais on aspire à consolider notre structure, à faire les choses plus proprement. Par ailleurs, je commence des études pour essayer de comprendre comment rendre rentable le fait de sortir de la musique indé sans trop perdre sa direction artistique. Mais après, c’est sûr que l’argent, c’est un objectif, rien que par respect pour les artistes. Leur dire « hey, on sort ton projet, si on se foire, je bouffe du riz pendant trois mois », je crois que c’est la meilleure preuve de foi d’un label. Donc oui, j’aimerais bien qu’on vive de ça à terme. Et c'est toujours exaltant de gagner sa croûte par ce qu'on aime.
x Et pour les prochains supports, avez-vous prévu de bosser avec d’autres artistes (non musicaux) ?
On ne s’interdit rien, puisque notre ligne de conduite est naturelle. On a eu plusieurs concepts, à pleins de niveaux.
D’abord, on pousserait bien nos idées un peu plus loin en se détachant complètement des supports classiques, avec, pourquoi pas, une poupée musicale, ou quelque chose dans l’esprit.
Mais c’est encore très vague, et il faudrait que ça s’adapte à une création sonore, et qu’on trouve un schéma de production viable pour ne pas vendre ça 50€.
Au niveau des soirées, on va essayer de remettre de plus en plus l’espace scénique en question.
Si tout va bien, lors de la Release Party, on aura déjà un concert de Seventeen avec une perf de live painting de Lucie.
Elle gérera par ailleurs un atelier de bodypainting très chouette, dans le sens où se faire peindre en sirotant un Gin Tonic dans un canapé au fond de la salle, c’est une alternative intéressante à la « sortie clope » pendant un coup de mou. Et rendre le spectateur spectaculaire, c’est aussi quelque chose qui nous plait. Ensuite on verra, encore une fois au cas par cas, selon la salle, les groupes. Mais ça fuse, à chaque fois, ce qui est assez jouissif.
On va peut être essayer de monter des expos, mais c’est encore à réfléchir, parce qu’il faudra essayer de repenser le cadre comme on essaie de le faire avec les soirées.
Pour finir, on exclut pas, bien au contraire, de bosser avec d’autres artistes visuels, mais aussi d’autres labels, pour proposer notre vision de leurs sorties et créer des versions particulières des disques, par le support ou même par des mises en perspectives avec d’autres disques… Ca dépendra des rencontres qu’on va continuer à faire, des opportunités...
Infos Le Turc Mécanique :
- LTM#1 - 1ère compilation, en format cassette et en tirage limité à 50 exemplaires, entièrement packagés à la main avec (entre autres) The KVB, Blithe Field, Sundae...
Sortie le 05/07/2012
- Release Party LTM#1 avec 17 at this time et Blithe Field + bodypainting
Ça se passe à L’Espace B, 16 rue Barbanègre dans le 19e, M° Corentin Cariou / Ourcq
Le 05 Juillet 2012 / 20h30 / 7 euros
Event Facebook
- "Cheaps Recordings"
1ère session: Smiling Clown (enregistré sur Ipad avec GarageBand et une guitare acoustique).
Sortie le 20/06/2012
FGC.
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