samedi 28 mars 2015

Regal - Two Cycles and a Little More - L'interview perdue




English version here.


" Two Cycles And A Little More ", cette fois-ci est la bonne, le 3ème album de Regal sort ces jours-ci après quelques embuches, leur 1ers enregistrements ayant été perdus en route.

L’attente n’aura pas été vaine car c’est un fort bel album que nous présentent les troubadours du rock ‘n roll hexagonal. La volonté assumée de passer à un niveau supérieur est là, notamment grâce à une production plus léchée qui fait briller leurs chansons de tout leur éclat.
C’est en 2011 avec leur 1er album, Possible Ending (Frantic City Records / Azbin) que les Regal nous avaient catapultés dans leur univers porté par une rage juvénile extrêmement rafraichissante. Puis, les prémices d’un talent mélodique certain furent rapidement confirmés sur leur 2ème galette, Misery, Redemption And Love (Azbin Records 2012), où la profondeur de leurs compositions prenait tout son sens.

" Two Cycles And A Little More " donc, nouvel album et 12 chansons pour autant de claques, qu’elles soient balades (Yaking Life, Inconstant Time avec Paula JC Satàn), ou pures chansons rock (Each To Their Own, Tar Rush etc... ), où l’on croise violons, banjos, chœurs et autres saillies / charges électriques.





Ce qu’on aime chez Regal c’est cette capacité à nous prendre par les tripes sous couvert d’un rock garage pas si simpliste que ça. L’intransigeance au service de l’harmonie. Ils sont capables de nous balader haut et loin, par leur énergie, naïve et tendue, et par leurs montées exaltées qui rendent leurs mélodies terriblement touchantes.
Il est rare de ressentir de telles émotions avec des chansons, et on pensera à d’autres groupes tels que Demon's Claws, Country Teaser (dont ils reprennent Mos Eisley), Grass Widow etc... qui ont aussi, à leur manière, réussis à nous mener jusque là.
Et puis il y a toujours ce dialogue permanent entre les deux guitares qui s’entrecroisent, s’engueulent, se répondent, surmontées par des voix tantôt sûres et tantôt chevrotantes. Enfin, sans vouloir faire une analyse poussée des paroles, on sortira touché par les inspirations évoquées, entre joie, doute, ivresse, colère, passion, rêve... notre jeunesse et notre vie en fait.
C’est un album important, (un régal mouhaha) , on se réjouit de sa sortie sur Born Bad Records, qui leur apportera, on l’espère, un peu plus de visibilité et de reconnaissance. En tout cas, ils le méritent.




Pour finir et pour l’histoire, il est important d’évoquer le fait que les membres de Regal sévissent depuis déjà quelques années dans la talentueuse scène DIY française. La galaxie Regal, c’est, entre autres, des anciens et autres groupes, Last Rapes Of Mr Teach, Strange Hands, Animal Trophies, The Skeptics, le Pécheur, Yak, Sapin... des labels comme Azbin Records (géré par Xavier du groupe), Frantic City Records, de la BD (Collectif Arbitraire) etc, il serait trop long de citer tout le monde tant tout est lié, mais c’est à découvrir absolument, à vous de creuser!

Maintenant, place à l’interview pour laquelle on a pu rencontrer les joyeux drilles l’an dernier, lors de leur concert au Komet de Hambourg le 22/05/2014 pendant leur dernière tournée européenne.
À cette occasion, nous avions décidé de leur poser des questions librement inspirées d’une interview légendaire de BHL (publiée sur lematin.ch). Voilà ce que ça donne et merci les Regal !





- Regal, qui êtes-vous ?

Xavier : On est 4 connards, Xavier, Fadi, Antoine et Caelan.
On s’est rencontré avec Caelan sur internet, sur World of Warcraft. Antoine on l’a rencontré parce qu’il fait des super bande dessinées (Collectif Arbitraire, avec entre autres Pier de Le Pécheur). Fadi par hasard quand on organisait des concerts à la maison où on habite en Belgique, La Barrière. Ça devait être vers 2011 mais on s’est formé à Lyon.


- Qu’est ce qui lie le nouvel album avec les précédents ?

X: Mais personne ne lit dans le groupe, je sais pas si t’as capté !
Caelan: Il y a une suite logique mais on évolue toujours bien sûr. On avait mis beaucoup de temps pour faire le premier (Possible Endings) , on avait les compos depuis un an, et voilà, on ne savait pas trop jouer, on se connaissait moins bien etc...
Alors que le second (Misery, Redemption and Love), on l’a composé et enregistré fissa. On avait même pas répété les morceaux et la plupart des paroles ont été composées pendant l’enregistrement.
Ce qui le rend vraiment super spontané. Ya un truc cool et y’a aussi un truc ou tu te dis bon, on aurait pu faire mieux, plus le travailler. Mais ça c’est quand tu écoutes l’album en boucle...
X: Le nouveau sera plus travaillé. J’ai vraiment envie de faire un truc cool qui sonne bien, où y’a pas de pains. Que ça ne sonne pas genre " Voilà on fait du garage, on s’en fout si on fait des pains c’est garage et c’est cool "...


- Après je ne vous considère pas spécialement comme sonnant garage, c’est parfois un peu réducteur aujourd’hui.

X: Mais oui mais c’est un mot vaste. Pour moi le garage c’est un mouvement, tu branches, tu joues, t’en a rien à cirer voilà, t’as pas de son, t’as pas de matos et tu sais pas jouer mais tu fais quand même un groupe et c’est cool. C’est vraiment un élan...
Mais à un moment donné tu as envie de faire un truc qui sonne bien et propre, c’est pour ça que tu fais de la musique aussi. On a pas envie de s’enterrer dans le truc lo-fi, même si ça peut donner bien et il y en a qui le font très bien.
C: Moi j’apprécie vraiment les 2 écoles, tu peux faire un truc bien travaillé et qui va sonner propre et faire aussi quelque chose de plus spontané, avec plus de cœur mais plus dégueu. C’est sûr que la plupart des personnes préfèrent écouter des choses plus travaillées, agréables à l’oreille.
X: Mais je dis pas que ce qu’on a fait c’est de la merde ou que je regrette. C’est juste que c’était un état d’esprit, qu’on avait fait ça spontanément et que pour le prochain ça sera différent.




- Vous vivez à la campagne, c’est important pour vous et votre musique ?

C: C’est une question individuelle, mais moi perso, je n’arrive pas à habiter dans une ville plus d’un certain temps. Il me faut de la nature, de l’espace, un espace ouvert.
X: Mais plus tu es excentré, plus ça devient vraiment beaucoup plus DIY parce que tu es plus dans ton coin. Tu n’es pas rattaché à une scène ou à des mecs qui t’aident etc... Quand tu es à Paris, tu vas faire pas mal d’évènements, tu vas rencontrer du monde. Si tu es à la campagne tu vas rencontrer 3 poules et une chèvre et elles ne vont pas t’aider à avancer... Donc tu es aussi plus seul dans ton monde, et il te faut plus de temps...
C: Il y a certainement un truc que la campagne t’apporte plus que la ville. Tu as la place pour répéter. Et même au niveau de la vie de tous les jours, ce qui t’inspire, ce que tu vois, ce que tu aimes, ou ce qui te dégoute, voilà c’est sur que ça change quelque chose. Tu peux plus facilement rien foutre quand tu es dans la campagne et pour moi c’est important pour composer. Tu perds en promotion mais tu gagnes en inspiration.


- Pour moi vous faites des chansons avec les " tripes ", qui procurent de l’émotion c’est voulu ?

C: Pour revenir aux sources, Xavier et moi on a commencé à jouer du country. On jouait à deux, banjo et guitare, et on ne faisait que des chansons de country et de musique irlandaise.
Et ça, c’est sur que c’est resté car tous les deux, on écoute beaucoup et on aime vraiment ça .
Dans ces musiques là, tu entends aussi beaucoup de nuances et de mélodies. C’est quelque chose que j’aime beaucoup dans la musique, ces contrastes et nuances qui peuvent faire monter une chanson, et à son apogée, ça peut partir en transe...
Donc c’est clair qu’on aime vachement la country et ces trucs là, Country Teasers, Demon’s Claws, Hellshovel, tout ça nous parle...
Et on se fait chier avec les mélodies. C’est une recherche, même si après, l’émotion de base survient souvent de nulle part, spontanément. Et puis ensuite on le travaille à fond et c’est là que ça ressort.
X: Les meilleurs chansons que tu écris c’est parce que tu ressens des choses de toutes façons. C’est inconscient et aléatoire et on est plus dans la recherche de la mélodie que de l’énergie.
C: Donc c’est sûr que quand on trouve un morceau qui fait ressentir une certaine émotion, on va essayer de la faire se développer jusqu’au bout...


- Menez-vous des vies parallèles ?

Xavier : Je suis intervenant unijambiste pour une chorale dans le sud de la France.
Caelan : Je suis gérant d’un centre de naturisme.
Fadi : Je travaille à l’usine comme un trimard de base.



- Votre tout premier souvenir ?

C : Le concert à Budapest peut-être qui était un peu notre 1ère date officielle. On tournait avec Le Pécheur et Animal Trophies et étant donné qu’il y avait un peu tout le monde, on avait improvisé un concert. C’était marrant et organisé par des gens super sympa donc ce fut une bonne soirée...


- Etiez-vous un enfant sage ?

Antoine : Moi oui, mais je ne sais pas pour les autres.
C: Oui mais ça dépend de où et quand. On est des enfants sages mais un peu débiles.
X: On a eu la chance de vivre dans l’opulence complète et de pouvoir faire ce qu’on voulait quand on voulait. Papa était là pour moi, merci Papa.


- Enfant, de quoi aviez-vous peur ?

C : Peur de la mort. Il y a un rêve que je faisais tout le temps quand j’étais gamin : je me faisais décapiter avec une faucille.
F : Moi, j’avais peur d’être tout nu dans la cour de récréation. J’ai déjà rêvé de ça plusieurs fois.
X : D’être grand.


- Votre mère vous disait-elle " je t’aime " ?

La mère de Regal lui disait souvent " Trouve toi un vrai travail " mais maintenant elle lui dit " Je t’aime ".


- Que faisait votre père ?

Le père de Regal c’est un peu les Last Rapes of Mr Teach. Et si les Last Rapes n’avaient pas périclité à un moment donné, peut être que Regal n’aurait jamais vu le jour... Il s’est donné la mort et nous a donné la vie. Et d’ailleurs, Le Pécheur et Animal Trophies n’auraient pas non plus abouti. Et là, ça fait 3 groupes formidables !




- Comment avez-vous gagné votre premier argent ?

Regal n’a jamais gagné son premier argent.


- Que vouliez-vous devenir ?

Tourner dans des meilleures conditions et au final, marquer un peu le monde de la musique... du rock ‘n roll dude! Mais sans pour autant se dire qu’on va en vivre ou qu’on va gagner de la thune...
Nous on aime bien faire de la musique dans des endroits un peu improbables. Juste s’amuser et que les gens kiffent.


- L’amour pour la première fois. C’était quand et avec qui ?

Avec Melvyn qui joue dans Strange Hands par exemple.
Et aussi JC Satàn qui sont des gens qu’on a rencontré à l’époque des Last Rapes of Mr Teach, qu’on continue à voir et avec qui on passe des supers bons moments. Je pense que la scène bordelaise ça a été le premier amour.
Après, finalement Regal est fidèle, mais on fini par coucher avec beaucoup de gens. On donne notre amour à beaucoup de personnes. Mais toujours protégés !




- Quelle est la plus belle de vos qualités ?

X: Bah, je sais pas, je pense qu’on est honnête.
C: Ouais, on est plus honnête que certains.
X: On fait nos trucs honnêtement.


- Votre plus grand regret ?

X: D’avoir perdu beaucoup de temps.
C: Non, c’est d’avoir laissé le van sans surveillance à Budapest la 2ème fois qu’on y est allé !
X: Non mais non, on s’est fait piqué des trucs, ok, on a fait des choix de merde, ok, mais notre plus grand regret c’est d’avoir perdu énormément de temps. On s’est formé il y a 3 ans et on a perdu trop de temps à jouer aux jeux vidéo.
C: Non je ne suis pas d’accord avec toi.
X: Bon laisse tomber cette question, c’est une réponse un peu indécise.


- Avez-vous déjà volé? Vous souvenez-vous du moment, de ce que c’était ?

X: Une bouteille à Fribourg, des rallonges, des jacks...
F: C’était par inadvertance ! donc ça compte pas...
C: Ouais on vole mais...
X : Nan mais c’est des p’tits trucs. Quand on en a vraiment besoin. Genre on est venus avec deux rallonges, et au bout de 3, 4 concerts il nous en manquait une.... au 5ème concert bon tu vois une rallonge qui traine, tu la prends.
A: Mais notre première qualité c’est quand même l’honnêteté ! (rires)
X: Mais je pense qu’on s’est fait volé beaucoup plus que ce qu’on a pu voler...
C: Nous on vole des trucs gentils et utiles... comme des bébés chats.
F: Et l’image du bébé-chat tu vois, ça adoucit tout.
C: Ouais, tu vois l’interview est déjà beaucoup plus peace...


- Avez-vous déjà tué ?

C : On a tué quelques concerts...
X: On a dû écraser quelques animaux sur la route. Un oiseau ou deux je pense...
Ah oui et une salle de concert aussi. C’était à Herselt en Belgique, et quand j’ai annoncé les 2 derniers morceaux, le mec dit " Ouais ok, dès que vous finissez on casse tout " avec le proprio d’ailleurs. Donc on a tout cassé.





- Si vous aviez le permis de tuer quelqu’un, qui serait-ce ?

F: BHL je pense.
C: Non il est joli avec sa touffe.
X: Non personne, on est peaceful, on est des gros hippies.


- Avez-vous déjà menti à la personne qui partage votre vie ?

X: Non, à ce niveau là je pense qu’entre nous on est honnête.


- Avec qui aimeriez-vous passer une agréable soirée ?

C: Gérard Depardieu.
X: On a besoin de personne pour passer une bonne soirée, ok?


- Qui trouvez-vous sexy?

F: Amanda Lear.


- Pour qui était votre dernier baiser ?

Le dernier baiser de Regal ça serait pour les gars de la salle Le Parapluie National à Binche. Il y avait 4 personnes au concert mais pourtant c’était vraiment bien.




- Pourquoi avez-vous pleuré la dernière fois ?

C: Pour nos regrettées chansons qui ont disparues. (ndlr: lors du 1er enregistrement du nouvel album)
On a enregistré notre 3ème album qui a disparu avant qu’il puisse voir le jour. C’est un peu un mort né. Donc on a pleuré un peu pour ça, dans notre coeur...

- De quoi souffrez-vous?

X: D’alcoolisme ! (rires)
C: D’amour !


- Avez-vous déjà frôlé la mort?

La mort de Regal non, jamais. Les bases sont solides. Regal perdurera, il a encore une longue vie devant lui.


- Croyez-vous en Dieu?

La religion du rock and beat ! La religion de l’amour. C’est ce qui nous pousse entre nous, parce qu’on s’aime.
X: Fuck off les dieux. No god. No Money. No Limit.
No god no mattress, pas de gode pas de matelas.


- Quel est votre péché mignon? Mais encore.

" Manjato el pani "


- Trois objets culturels à emmener sur une île déserte?

Guitare, basse, batterie.




- Combien gagnez-vous par an?

Regal gagne zéro euro par an mais gagne beaucoup d’espoir... Un milliard d’espoir par an.


- Qui sont vos vrais amis?

On va pas citer tous nos vrais amis donc on va dire :
" Tous ceux qui sont censé être nos vrais amis se reconnaitront... Big up aux vrais amis. TMTC. "


- Que souhaitez-vous à vos pires ennemis?

Qu’ils arrêtent de nous piquer des pédales, nos guitares et nos basses ! Arrêtez, ça devient chiant.


- Vous qui dormez quelques heures seulement, ronflez-vous la nuit?

X: Personne ronfle ici ok?
C: On va commencer par les moins pires, qui sont Fadi et Antoine, ils ne ronflent pas vraiment... Après les deux autres bon...
X: Moi s’ils peuvent me mettre dans une pièce à côté, c’est mieux... Je ronfle énormément et Caelan se met à ronfler. Plus il grossit plus il ronfle (rires)....



- Regal - " Two Cycles And A Little More " Born Bad Records

Merci à Wild Wax Show pour le concert et à JL.

B. / FGC

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